Géographie complète et universelle. Tome 2

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LIVRE CINQUANTE-DEUXIÈME.

les pèlerins; l'autre est le couvent catholique de Saint-Sauveur dont l'église est tellement riche de tous les dons faits par les différentes cours de l'Europe qu'on évalue à plus de 8,000,000 de francs la valeur des ornements précieux qu'elle renferme. Jérusalem, que les juifs nomment Ieruschalaïm, est environnée d'une muraille d'environ une lieue et demie de circonférence; on y compte sept synagogues; ses rues sont étroites, tortueuses et mal pavées, à l'exception des trois principales; les maisons sont la plupart en pierres, à deux ou trois étages, et terminées en terrasses : elles ne reçoivent le jour que par une petite porte et par une fenêtre grillée en bois. Tout y indique la misère des habitants. La principale industrie de ceux-ci consiste dans la fabrication et la vente de rosaires, de reliques, et de quelques tissus de soie et de coton. La population est, avons nous dit, de 12 à 15,000 habitants, dont le tiers est chrétien, le reste juif ou musulman. La plupart des chrétiens habitent aux environs de leurs monastères, dans le quartier haut et dans la partie orientale de la ville; les mahométans habitent près de la mosquée d'Omar. Peu de villes ont éprouvé autant de révolutions que Jérusalem. Capitale du puissant royaume de David et de Salomon, elle vit l'or d'Ophir et les cèdres du Liban orner ses temples. Dévastée par les Babyloniens, elle renaquit plus belle sous les Machabée et les Hérode; l'architecture grecque s'y introduisit, comme le démontrent les sépulcres royaux, au nord de la ville1. Elle comptait alors plusieurs centaines de milliers d'habitants; mais une vengeance céleste l'attendait, et dans l'année 70, Titus la détruisit de fond en comble. Adrien bâtit à sa place la ville d'Ælia Capilolina; mais, depuis Constantin, le nom de Jérusalem fut rétabli par l'usage. Hélène, mère de cet empereur, orna la ville sainte de plusieurs monuments. Dans le septième siècle, elle tomba au pouvoir des Persans et des Arabes ; ceux-ci l'appelèrent El-Kods, la sainte, et quelquefois El-Chérif, la noble. Les chevaliers de l'Europe chrétienne vinrent la délivrer des mains des infidèles, en l'an 1099; le trône des Godefroi et de Balduin ou Baudouin jeta un éclat momentané que les discordes éclipsèrent. En 1187, Saladin replanta le croissant sur les cimes de Sion. Depuis celte époque, conquise tour à tour par les sultans de Damas, de Bagdad et d'Égypte, elle changea pour la dix-septième fois de maître en devenant, en l'an 1517, une ville turque. Bethléhem, où naquit Jésus-Christ, est une petite ville habitée par 1

De Chateaubriand, Itinéraire, II, 351-362.

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