Géographie complète et universelle. Tome 2

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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.

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restent dans leur état naturel, il y a équilibre entre les deux électricités, et par conséquent repos-, mais si l'un de ces deux corps, soit la terre, soit l'atmosphère, est électrisé par une quantité additive du fluide électrique, il n'y a plus égalité de répulsion et d'attraction ; le fluide part sous la forme d'une étincelle; c'est la foudre, qui est ou descendante ou ascendante. Quelquefois on voit ces deux espèces de foudre presque dans le même moment; la terre et l'atmosphère semblent se renvoyer tour à tour leur surplus d'électricité. L'étincelle, attirée et conduite de préférence par des métaux et des corps humides, exerce des ravages qui, n'ayant pu être observés de sang-froid, restent encore enveloppés d'obscurité. Ici la foudre excite des flammes rapides et dévorantes ; là elle se borne à courber et à fracasser les objets qu'elle rencontre; tantôt elle ôte en un instant la vie aux animaux, tantôt elle parcourt les vêtemens d'un individu sans lui nuire. On a observé une espèce de flux et de reflux périodique dans le fluide électrique de l'atmosphère. En été, lorsque la terre est sèche, que le jour est chaud, sec et serein, l'électricité atmosphérique va en croissant depuis le lever du soleil jusque vers le milieu du jour, où elle parvient à son maximum; elle y reste stationnaire pendant une couple d'heures, et diminue ensuite jusqu'à la chute de la rosée. Vers minuit elle se ranime, pour s'éteindre de nouveau et presque entièrement. En hiver, le maximum de l'électricité est à huit heures du matin et à huit heures du soir ; elle est plus faible dans la journée. Dans toutes ces variations, l'électricité atmosphérique semble suivre assez exactement le développement du gaz hydrogène, qui est plus ou moins considérable dans les différents moments du jour 1. Les phénomènes électriques affectent certaines parties du globe de préférence. Vers les pôles, le dégagement du gaz hydrogène est peu abondant, et en même temps il n'y a point de frottement continuel entre la terre et l'atmosphère; aussi ne voit-on que rarement la foudre éclater dans ces contrées; le tonnerre n'y est qu'une faible décrépitation. A mesure qu'on s'avance vers l'équateur, le gaz hydrogène devient plus abondant, et en même temps les orages plus forts. C'est sous la ligne que l'on trouve cette vaste étendue de mer où règnent presque sans interruption les tonnerres et les orages. Il y a cependant des contrées sous la ligne où il tonne fort rarement. Si la foudre semble être particulièrement attirée vers les endroits marécageux, 1

Saussure, Voyages, §§ 800-803-831. Lemonnier, Mémoires de l'Académie, 1752,

p. 240-241. Beccaria, Électricité terrestre, § 1087. Voyez la remarquable notice de M. Arago, sur l'électricité atmosphérique dans l'annuaire des longitudes de 1838.


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