Les Colonies françaises

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545 L'ARCHIPEL NÉO-CALÉDONIEN jamais sortir quand la nuit est tombée. En dehors de cette double croyance à u n e divinité supérieure et à l'existence d'une vie future, les Canaques adorent encore une foule d'êtres surnaturels, auxquels ils prêtent divers attributs. Les uns accordent une pêche abondante, les autres les vents et la pluie ; mais en général ce sont d e mauvais génies, qui exigent des sacrifices en échange de leurs services. De là une foule de superstitions parfois singulières. Celle du tabou leur est comm u n e avec beaucoup de peuples des îles océaniennes. Le tabou consiste à rendre un objet sacré, inviolable m ê m e , en le m a r q u a n t d'une signe cabalistique. Il leur arrivera encore de rejeter à la mer un certain n o m b r e de poissons, parce que ces poissons sont des génies, qui se vengeraient si on les t a i sait cuire. Jamais ils n'entreprendront rien d'important avant de s'être concilié les bonnes dispositions de ces divinités secondaires. Entre eux et ces divinités, les intermédiaires sont les prêtres ou prieurs, d'ordinaire des vieillards. Leurs fonctions sont héréditaires. On les comble de présents pour que leurs conjurations soient favorablement accueillies. Si elles ne l'étaient pas, ces prétendus sorciers en seraient quittes pour répondre que la tribu ennemie a offert aux génies de plus beaux présents, et cette naïve réponse calme toutes les d é fiances. La religion néo-calédonienne n'est donc qu'un ramassis de superstitions et de coutumes. Aussi le catholicisme a-t-il fait de grands progrès dans l'île. Nos missionnaires furent assez m a l h e u r e u x au d é b u t ; mais aujourd'hui plus de la moitié des insulaires sont convertis. Les habitants des îles Loyalty se sont m ê m e fait r e m a r q u e r par la ferveur de leur zèle. Ces néophytes ne savent comment exprimer leur reconnaissance aux missionnaires q u i , tout en les a r r a c h a n t à leurs e r r e u r s , les ont initiés à la civilisation. Les institutions politiques des Canaques sont aussi primitives q u e leur religion. La Nouvelle-Calédonie est divisée en un certain n o m b r e de tribus, réparties irrégulièrement sur le sol et administrées chacune par un chef indépendant. On dirait notre féodalité du moyen âge. Chaque tribu ou plutôt chaque état obéit à des lois particulières. Le pouvoir du chef est absolu, bien que tempéré dans les circonstances graves par le conseil des Anciens. Il a droit de vie et de m o r t . Sa personne est invioGAFFAREL. 35


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