Les Colonies françaises

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famille des Lé. En effet, de nombreux soldais chinois passèrent la frontière. Ils se mêlèrent aux brigands de toute dénomination qui pullulaient dans la contrée, et. bientôt il devint manifeste que les deux empereurs étaient d'accord, et qu'une levée de boucliers se préparait contre la France. 11 était naturel que ta France songeât à protéger ses consuls et ses soldats et revendiquât le droit qui lui appartenait d'assurer la liberté du commerce. Par malheur, l'opinion publique en Fiance n'était pas favorable à une expédition lointaine. Les Chambres, en général peu éclairées sur la question, redoutaient toute complication extérieure, Même au sein du gouvernement, et malgré les avis réitérés des fonctionnaires au courant de la situation, et particulièrement du gouverneur de la Cochinchine, M. Le Myre de Villers, on semblait craindre de diriger sur le Tongking des renforts pourtant nécessaires. Ce fut d i s crètement, et presque par u n subterfuge, q u e l'on se décida, en m a r s 1882, les dangers augmentant d'heure en heure, à envoyer 3 à 400 hommes a u Tongking, sous le c o m m a n d e ment d'un officier distingué, le capitaine de vaisseau Rivière. Le 2 avril, le Drac et le Parseval entraient en rade d'Haïphong. Le lendemain, nos soldats prenaient leurs cantonnements à Hanoï sur la concession française, où déjà se trouvaient deux compagnies d'infanterie de marine sous les ordres du comm a n d a n t Berthe de Villers. A peine installé, Rivière reconnut la nécessité de riposter par la prise de là citadelle à des provocations quotidiennes. Le 25 avril, il s'emparait sans coup férir d e la citadelle et dispersait les mandarins a n n a m i t e s ; mais, au lieu de l'encourager, on le laissa sans instructions, sans renforts, et comme noyé dans les flots toujours montants de l'invasion chinoise. Ce fut comme u n e infiltration lente mais continue. Le Tongking du nort fut d'abord e n v a h i ; les Chinois passèrent ensuite sur la rive droite. Ils s'emparèrent de Sontay et de Bac-Ninh et poussèrent leurs avant-postes jusqu'à Hanoï. Rivière comprenait que le cercle d'investissement se resserrait de j o u r en jour, et il ne cherchait que l'occasion de le r o m p r e ; mais les Chinois ne se montraient pas. On les sentait p a r t o u t ; on ne les voyait nulle part. C'était en quelque sorte u n e invasion pacifique. En mars 1883, la Corrèze a m e n a 750 hommes de renfort. Le


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