Les Colonies françaises

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LES COLONIES

FRANÇAISES

la régénération du pays. Il avait certes raison, et ses espérances semblent fondées. A notre exemple et d'après nos conseils, les roitelets indigènes, au lieu de s'exterminer réciproquement, s'occupent de faire cultiver leurs immenses propriétés. La population s'accroît, la sécurité g r a n d i t , et peu à peu le Sénégal se transforme. Que dire du c o m m e r c e ? C'est surtout par le commerce que notre colonie est pleine d'avenir. Grâce à nos forts et à nos canonnières à vapeur qui remontent et surveillent les cours d'eau, les négociants n'ont désormais plus rien à craindre. Aussi les chiffres d'importation et d'exportation grandissent-ils c h a q u e année d'après u n e progression continue. Dans la période décennale 1826-1836, le commerce du Sénégal n'était que de 7 millions de francs. De 1836 à 1846, il était parvenu à 14 millions, de 1846 à 1856 à 20 m i l l i o n s ; de 1856 à 1859, après la proclamation de la liberté du commerce, il s'éleva b r u s q u e m e n t de 20 à 33 millions. La progression a été plus lente depuis; mais il dépasse a u j o u r d ' h u i 45 millions. Ce n'est pas tout : nos négociants songent à s'enfoncer dans l'Afrique centrale. Ils voudraient faire du Soudan comme un Hindoustan africain. Il n e faudrait certes pas exagérer l'analogie, ni s u r tout oublier que l'Hindoustan, avec ses richesses et sa population de deux cents millions d'âmes pliées à la servitude depuis des siècles, est bien supérieur au Soudan, à peine p e u p l é , et par des populations qui n'ont ni l'habitude du commerce ni la mollesse indienne. Nous voici pourtant arrivés à Ségou et à Tombouctou. De là nous pouvons nous répandre dans des contrées vierges, qui nous ménagent sans doute plus d'une surprise. Ne sera-ce pas comme le c o u r o n n e m e n t de notre mission colonisatrice au Sénégal? Ainsi se trouveront réunies dans cette colonie, trop longtemps m é c o n n u e , toutes les causes de prospérité : sol fertile, facilité des échanges, territoire considérable et susceptible d'une grande extension , populations nombreuses et qui s'attacheront à nous par la reconnaissance aussi bien que par l'intérêt. P e u t - ê t r e n'est-il pas dans le domaine colonial de la France, à l'exception de l'Algérie, de la Tunisie et de l'Indo-Chine, une province dont l'avenir autorise de plus brillantes prophéties.


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