Les Colonies françaises

Page 289

LA GUYANE FRANÇAISE 277 au sud l'Amazone. Le Brésil s'oppose à ces prétentions, et revendique tout le territoire compris entre l'Amazone et l'Oyapock. Or il s'agit d'une région d'environ 450 000 kilomètres carrés, qui renferme plusieurs cantons fort riches et i m m é d i a t e m e n t utilisables par les blancs : on les nomme les Prairies, Savanes ou Campos. Ces prairies sont situées dans des endroits élevés et bien aérés. Le travailleur européen pourrait, sans préjudice pour sa santé, s'y livrer à l'élève du bétail, à la culture du tabac, du calé, du cacao, ou à l'exploitation des forêts. Gomme l'installation ne nécessite ni défrichements, ni déboisements, ni travaux pénibles, il pourrait tout de suite s'acclimater et faire souche, sans s'exposer à u n e forte mortalité. De là l'importance relative de ce territoire, de là les compétitions diplomatiques, qui ont fait de ce problème géographique un véritable imbroglio. En 1713, au traite d'Utrecht, il avait été convenu que la France renoncerait, en faveur du Portugal, aux terres dites du CapNord, situées entre l'Amazone et la rivière Vincent-Pinçon. La navigation de l'Amazone et les deux rives du fleuve appartiendraient au Portugal, et la rivière Pinçon ou Iapock servirait de limite aux deux pays. Or le traité n'assignait nullement la position exacte de la rivière Pinçon. « C'est l'Amazone, affirmèrent les Français. — C'est l'Oyapock », ripostèrent les Portugais. Aussitôt conflit, et même conflit a r m é . En 1736, après de longs pourparlers, une première convention nous laissa la libre pratique des terres situées au nord de l'Amazone, et porta officiellement notre frontière au sud de la rivière de Carapapou, qui débouche dans l'Océan près de l'île de Maraca. Les Portugais ayant, lors des guerres de la Révolution, ravagé et conquis nos établissements jusqu'à l'Oyapock, une nouvelle convention, en 1794, ramena notre frontière jusqu'à la Carsevenue. En 1801, par la paix de Badajoz, Bonaparte imposa aux Portugais u n e frontière plus méridionale, la rivière Araguary. Un an plus tard, en 1801, par le traité de Madrid, il la reporta plus bas encore, à l'Amazone même. Mais tous ces accords devaient rester lettre morte, comme le fut encore le contrat de 1817. Il avait été convenu à cette date que la frontière provisoire serait fixée à l'Oyapock du cap Orange, sous condition d'une délimitation ultérieure de la frontière du sud. Le contrat n'ayant pas été appliqué par le Brésil, héritier des droits du Por-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.