Les Colonies françaises

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LES COLONIES FRANÇAISES

cultures alimentaires. Le manioc, en Guyane comme dans toute l'Amérique du Sud, est la principale ressource pour l'alimentation de l'homme. On en compte six espèces ; la rouge est la plus estimée; ses tiges sont hautes de près de deux mètres et grosses comme le bras. On arrache le manioc après u n an de culture : on le râpe, et avec cette farine on fait la cassave, qui est u n e galette, et le tapioca, dont l'usage est général en Europe. Avec cette plante, on pourrait presque se passer de riz et de froment, ainsi que de presque tous les fruits ou racines qui servent à n o u r r i r l'espèce humaine. Sa présence à la Guyane est donc un bienfait, pour la colonisation. La culture du riz a pris également u n e grande importance dans ces dernières années. Grâce aux n o m b r e u x cours d'eau, qui traversent le pays en tous sens, il n'a pas été difficile d'installer des rizières naturelles, dont les productions sont généralement fort estimées. Après le manioc et le riz, et en ne citant que pour mémoire les légumes et les fruits, qui ressemblent à tous ceux des pays tropicaux, nous arrivons aux cultures industrielles. En vertu du monstrueux égoïsme de la métropole, qui a entendu ne faire des colonies qu'un simple débouché d'articles manufacturés, on a longtemps préféré ces cultures aux cultures alimentaires, c'est-à-dire qu'on a recherché le superflu avant d'être assuré du nécessaire. Ces réserves u n e fois faites, énumérons les principales de ces cultures industrielles. On peut en compter jusqu'à six : cannes à sucre, rocou, cotonnier, café, cacao, épices. L'introduction de la canne à sucre remonte aux premiers âges de la colonie. Cultivée d'abord dans les hautes terres, elle a trouvé de meilleures conditions dans les basses terres. Comme le capital nécessaire à l'installation d'une sucrerie est considérable, et que les capitaux et le crédit ont toujours manqué à la Guyane, le n o m b r e de ces établissements est fort restreint. En 1726, on en comptait vingt; en 1837, seulement quarantequatre, et ce fut l'apogée. Il n'en reste plus aujourd'hui qu'une quinzaine et ils végètent. On ne comptait en 1877 que 135 hectares consacrés à la culture de la canne. Telle usine de la Réunion produit à elle seule autant et plus que toutes les sucreries guyanaises. Le rocouyer, qui croît spontanément à Cayenne, est devenu


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