L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES ANGLAISES.

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A attendre, on n'obtient rien ; à oser, on ne risque rien. Deux siècles on a attendu que l'heure sonnât, et jamais l''heure n'a sonné. Deux fois la liberté a été lancée sur les colonies avec la révolution, deux fois la révolution a fait beaucoup de mal; la liberté, très-peu. Cette race des nègres est si douce que sous le joug elle ne résiste pas, hors du joug elle n'abuse pas. La liberté n'a pas la vertu de lui rendre les qualités que le Créateur lui refusa; seule, privée comme à Saint-Domingue de l'intelligence des blancs, elle retourne à la vie oisive et donne naissance à une société très-inférieure. Mais, après tout, sous' ces climats qui énervent les blancs, quand ils essayent une à une toutes les races pour remplacer la race noire, c'est à la race noire qu'il faut revenir; on n'en trouve aucune plus vigoureuse et plus soumise, plus capable de dévouement, plus accessible au christianisme, plus heureuse d'échapper à sa dégradation native. Cette race d'hommes se divise, comme toute l'espèce humaine, en diligents et en paresseux; la liberté n'a plus la charge des seconds, et elle tire du travail des premiers un meilleur parti que la servitude. L'esclavage était si peu fondé sur la nature que, Créé par la force brutale, il ne se maintenait que par la force légale, c'est-à-dire, parla contrainte d'une infinie quantité de lois et de règlements. Pour préparer la transition vers la liberté, une quantité non moindre a été rédigée; pour diriger la liberté naissante , on avait promulgué dixhu il décrets. Or toutes les lois contre les dangers de la servitude ont été impuissantes, toutes les mesures contre les périls de la Liberté ont été inutiles. Sans doute, les


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