Extraits des auteurs et des voyageurs qui ont écrit sur la Guyane

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VIGNAL.

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plus variés; les épiccs de l'Inde, inconnues à Surinam et au Para , y sont cultivées avec succès. Ses girofles, en particulier , jouissent d'une préférence marquée sur tous les marchés de l'Europe ; ses cotons rivalisent avec ceux de Fernambouc et de la Géorgie ; enfin ses cafés sont recherchés depuis qu'ils sont plus connus. Cependant les deux colonies étrangères se sont élevées au plus haut point de prospérité, tandis que la nôtre est restée dans un état voisin du néant (p. 4 ). Il n'y a ni mules ni mulets à Cayenne; ces animaux sont pourtant indispensables à un très-grand nombre d'usines, et leur emploi plus universel doublerait immanquablement les travaux de la culture. Ce que soixante nègres ne pourront faire sur un espace donné, trente l'exécuteront avec dix mules ou mulets. Il faut même, à partir de ce moment, regarder cet auxiliaire comme inév itable pour cette population de cultivateurs noirs qu i ne se recrutera plus. Faudra-t-il cependant continuer à faire venir à grands frais ces animaux de Buénos-Ayres, c'est-à-dire, d'une distance de sept ou huit cents lieues, tandis que le sol de la Guyane est tout aussi favorable à leur propagation que celui de l'Amérique espagnole? Les difficultés d'une importation de cette nature et d'une si longue traversée, les pertesauxquelles sont exposés les marchands, portent ces animaux à un prix extrêmement élevé, et l'on imagine bien que les vendeurs ne prennent en retour que des piastres. Autant d'argent dont la colonie se prive volontairement en faveur de ses voisins : n'est-ce pas le comble de l'aveuglement et de la plus honteuse incurie !


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