Mémoires du Général J. D. Freytag. Tome 2

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GÉNÉRAL FREYTAG.

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ration se prolongea jusqu'à trois heures du matin. Ce n'était point encore là qu'était la difficulté, il y avait encore une demi-lieue à faire à pied , pour se rendre au lieu de leur destination ; nous nous vîmes forcés de les y porter les uns après les autres , e t , pour comble de malheur, je n'a­ vais point assez de monde. Jamais je n'ai vu de tableau aussi déchirant ; quelques-uns d'entr'eux cependant essayèrent de me suivre, et particu­ lièrement un prêtre Brabançon ; mais ce mal­ heureux , ayant voulu se reposer dans le b o i s , hors du chemin t r a c é , s'endormit, et il fut trouvé le surlendemain à demi-dévoré par les bêtes féroces. L e jour suivant je parcourus toutes les cases, je fis l'appel ; personne ne manquait, mais ils étaient dans l'état le plus déplorable. Dans chaque baraque , il y avait des mourans et on voyait les autres faisant des prières autour d'eux Quelques auteurs ont avancé que les déportés creusaient eux-mêmes leur fosse ; je puis affir­ mer le contraire : car nul d'eux n'aurait eu la force de se livrer à un pareil travail. Les nègres étaient chargés de les inhumer. La pluie c o m ­ mençait à tomber par torrens, e t , dans les in­ tervalles où elle cessait, la chaleur était insup-


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