Mémoires du Général J. D. Freytag. Tome 2

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MÉMOIRES

de gloire, qui avait été mon ancien ami (*). Je ne saurais donner une idée des divers sentimens que cet événement produisit en moi. Le plaisir de le revoir, après une aussi longue absence , était bien troublé par la douleur de le retrouver d é p o r t é , et dans un pays affreux , dans les sables brûlans de Sinnamary. Pichegru avait appris à Cayenne , par mes nombreux amis , que je commandais le lieu qu'on avait choisi pour sa déportation ; ce fut une consolation pour lui, et certes, il ne s'abusait pas, car je m'étais bien promis de faire tout ce qui serait en mon pouvoir pour alléger sa p e i n e , e t , quoique je ne connusse aucun de ses c o m p a ­ gnons d'infortune, j'étais dans les mêmes disposi­ tions à leur égard. Je n'examinais point quelle était la cause de leur exil, je n'entrais point (*) Le général Pichegru n'a pas servi au régiment d'Alsace , comme le rapporte M. De Larue dans ses mémoires du 18 fruc­ tidor. Pichegru a servi, avant la révolution, dans le régiment de Metz artillerie. Nous étions en garnison ensemble a Stras­ bourg en 1786. Pichegru enseignait alors les mathématiques aux officiers de son régiment, et à quelques-uns de ses amis intimes dont je faisais partie. Nous nous étions perdus de vue , à notre grand regret, depuis le commencement de la révolu­ tion. Il suivit sa brillante carrière en France, et moi je fus déporté comme on l'a vu, avec mon régiment a Cayenne, où certes je ne croyais jamais rencontrer Pichegru. Note

de

l'Auteur.


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