DU GÉNÉRAL FREYTÀG.
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C'est de cette manière que cet original satis faisait à la fois son orgueil et son avarice ; mais voici un trait d'un autre genre, qui peindra sa fourberie insigne. Il était à Cayenne, le jour de l'arrivée du bâtiment qui apportait la loi sur l'abolition de l'esclavage. On conçoit le chagrin du Baron, à cette nouvelle. Aussitôt son esprit travaille, fer mente et, en un instant, il a conçu un plan sa tisfaisant. Il fait venir son équipage nègre, qui ignorait encore l'événement : « Vîte, vite, mes enfans, partons, partons pour l'habitation. » Il mit tant de bonté dans les paroles qu'il adressa à ces pauvres nègres, que ces derniers, ne pouvant croire à un changement si extraordinaire dans le caractère de leur maître, se persuadè rent qu'il était tombé en démence. Enfin on s'embarque ; il presse les nègres de faire force de rames ; il prend lui-même la pagaye ( ) , travaille avec eux et se mouille de la tête aux pieds. On arrive ; aussitôt il fait appeler le com mandeur, auquel il avait ordonné tout récem ment encore, les traitemens les plus durs, il le prie de rassembler dans le salon de sa case tous ses nègres et négresses, grands et petits, et le plus tôt possible. l3
Il serait impossible de peindre toute l'hypo-