Mémoires du Général J. D. Freytag. Tome 1

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DU GÉNÉRAL FREYTAG.

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sant, je n'oublierai jamais les services éminens que vous m'avez rendus. Je vois, avec le plus grand plaisir, que vous avez fait mon expédi­ tion pour Bordeaux. Arrivé dans ce p o r t , je prendrai un chargement de vin pour Saint-Barthélemy, où j'ai laissé des fonds et des amis qui m'aideront à remplir, avec usure et reconnaisnaissance, les engagemens que je contracte avec vous ; mais, pour ce qui est d'Ernestine, j'ai prêté un serment horrible de ne point l'aban­ donner, de l'emmener avec moi et de l'épouser, et tout serment doit être sacré. » « Un serment, quelque solennel qu'il ait été, me répondit Ruitter, ne porte plus avec lui ce caractère d'inviolabilité, lorsqu'il a été arraché par la force ; d'ailleurs, devez-vous vous faire un cas de conscience de ne point commettre un crime, parce que vous auriez juré de vous en souiller ? Il y a, dans cette manière de voir, un peu de faiblesse de caractère. Vous savez, mon cher Arnold, que c'est l'amitié que je vous porte qui me dicte tout ce que je viens de vous dire, et je suis au désespoir de vous voir en proie aux caprices d'une femme qui, malgré sa beauté, vous rendra le plus malheureux des hommes. Vous méritez un meilleur sort ; croyezm o i , partons, il en est tems encore, et laissez


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