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DU GÉNÉRAL FREYTAG.
sa physionomie, ne m'annonçaient que trop clairement qu'il ne lui restait plus long-tems à vivre. Après lui avoir prodigué mes caresses, et inondé son visage de mes larmes, il me dit, d'une voix éteinte et tremblante : « Ta tante n'est plus.... Arnold.... je sens que je ne tarderai pas à la rejoindre dans la tombe.... Arthur.... est ici.... j'ai obtenu pour lui un congé, pour qu'il réglât les affaires de la famille... » Il allait con tinuer à me parler, lorsque Arthur entra brus quement, et sans aucun ménagement pour la situation de son père. Je me levai, et j'allai au-devant de lui, en lui tendant les bras pour l'embrasser. «Permettez, mon cher Arthur que...» Il ne me laissa point achever, me repoussa d'un violent coup de poing dans la poitrine, me lança un regard menaçant, et se retira sans dire un mot. Cette scène porta un coup mortel à mon oncle ; Ernestine fit éclater son indignation contre son frère e t , de mon côté, je fus si humilié d'avoir reçu un affront aussi sanglant, que je jurai, en moi-même, d'en tirer une ven geance éclatante. Je n'étais plus d'un âge, ni d'un caractère à endurer de tels outrages. Mon oncle rompit le premier le silence en me disant, d'une voix étouffée : « Arnold, mon ami.... va... 6