Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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DU DIX-HUIT FRUCTIDOR.

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Leur mois embrasse le laps de temps qui s'écoule d'un renouveau à l'autre ; et leur année commence au lever héliaque des pléiades qui la partage , comme autrefois chez quelques nations grecques , en deux grandes saisons, l'hiver et l'été. Les éclipses de lune sont, pour la plupart de ces nations, le plus sinistre de tous les présages : les unes croient que cette planète , qu'ils personnifient, est à l'agonie et près de mourir ; d'autres, qu'elle est irritée contre elles et leur retire sa lumière. Ces idées les portent à tontes sortes d'actes superstitieux : on les voit sortir de leurs cabanes, pousser des espèces de hurlemens, cacher dans la terre un tison, crainte de rester privées du feu si la lune mouroit, s'assembler en armes pour lui offrir de la défendre contre ses ennemis , semer du maïs destiné à la nourrir, faire en un mot, dans l'espoir de la retenir, mille choses de ce genre. Toutes ces folies n'arrêtant pas le cours de l'éclipse, les hommes rentrent dans leurs cases et grondent leurs femmes de ce qu'elles sont insensibles à la maladie de la lune; celles-ci affectent de mépriser leurs reproches ; alors ils prennent le ton suppliant et les engagent à prier la planète sur laquelle ils leur supposent plus d'influence qu'à eux, de ne pas les abandonner. Même indifférence de la part des femmes, qui, profilant de l'occasion de se dédommager , ne se laissent toucher que quand les maris ont épuisé les caresses et les présens; elles sortent pour saluer la lune à laquelle elles adressent d'une voix plaintive beaucoup de prières. Comme pendant ces extravagances


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