Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE

concevoir le commandant, nous lui témoignâmes le désir d'écrire au Gouverneur : il l'approuva d'autant mieux , qu'il nous avoua être lui-même dans la nécessité de le prévenir de notre arrivée avant de nous permettre d'aller plus loin. Il nous engagea à tenir nos dépêches prêtes pour le lendemain matin. Elles consistoient en une lettre par laquelle nous prévenions le Gouverneur de l'exécution du projet qu'il connoissoit depuis long-temps, et nous réclamions la protection qu'il avoit eu la bonté de nous promettre. La dislance de Monte-Krick à Paramaribo, capitale de la colonie de Surinam et résidence du Gouverneur, est de vingt lieues. Elle fut rapidement franchie par l'exprès qu'envoya le commandant ; car le quatrième jour, au moment où nous nous disposions à aller dîner chez un colon q u i , sans se douter de notre secret, nous avoit fait les offres les plus empressées , et dont l'habitation n'étoit pas éloignée du poste, nous aperçûmes un cavalier. Pichegru le reconnoît pour un officier supérieur hollandais : lui-même , nous voyant réunis près de la case , arrive au galop , met pied à terre , et demande avec le plus vif intérêt MM. Picard et Gallois ; c'étoient les noms fictifs du général Pichegru et de M. Barthélemi : ils se présentent... A quel état ils vous ont réduits ! les misérables ! s'écria l'officier en leur tendant les bras: il nous embrasse tons ; ses larmes se mêlent aux nôtres ; remis un peu de son émotion , il nous remercie de la part du Gouverneur d'avoir rendu justice à ses sentimens , et moi, ajoute-t-il, je m'estime infinimeut heureux d'être au-


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