Histoire du Dix-huit fructidor : deuxième partie

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HISTOIRE 404 se passa en préparatifs : nos armes furent à tout événement mises en état; nous convertîmes en cartouches Je plomb et la poudre qui nous restoient ; la résolution de surmonter, même à force ouverte, les obstacles, s'il s'en présentoit, étoit fermement prise. Enfin nous faisons nos adieux à ceux de nos compagnons qui pouvoient nous entendre, et ne vouloient pas nous suivre. M. de Marbois, toujours inébranlable, nous fait.de nouvelles et affectueuses observations, nous plaint beaucoup , et croit notre perte assurée. MM. de la Villeurnois e tBrothier, s'indignent de notre imprudence ; ils veulent que nous attendions le vaisseau qui doit les enlever ( 1 ) ; ils nous jurent de nous sauver avec eux. M. Lafond, étendu sur sa paillasse , nous serre la main ; il ne peut proférer un seul mot ; mais ses sanglots nous peignent ses regrets : ils étoient bien réciproques!.Nos regards se portent douloureusement sur l'infortuné Tronçon ; il paroissoit toucher à ses derniers momens.... Quelle séparation !

Quatre heures arriveut : c'étoit le moment où les chasseurs se mettoient ordinairement eu marche. Depuis une douzaine de jours nos cinq camarades complices de notre évasion imitoient notre usage : ils faisoient ou feigioient de faire de longues courses, et de rentrer tard afin de prévenir l'étonnement de nus surveillans lors de notre départ. Chacun va de son côté : le point de réunion est le bois où Barrick nous (1) Le vaisseau espéré n'arriva pas, et ils périrent deux mois après notre évasion.


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