196
HISTOIRE
elle adjoignit à ce respectable vieillard , M M . de Sèze et T r o n c h e t , tous deux également recommandables par leurs talens et par leurs principes , tous deux l'hon-neur du barreau. Les pièces qui servoient de prétexte à l'accusation , et qui étoient au nombre de cent cinquante-huit , ne furent apportées au R o i que le 16 décembre , et c'étoit le 26 qu'il devoit comparoître de nouveau à la barre pour répondre définitivement à tant d'inculpations : ainsi à peine lui accordoit-on huit jours pour préparer une défense que sa situation rendoit si difficile. Le zèle et le dévouement que ses estimables défenseurs y apportèrent ne peuvent se comparer qu'à la tranquillité d'ame et à la justesse des observations de Sa Majesté; son calme étoit d'autant plus admirable qu'elle croyoit à l'inutilité de leurs efforts : nousfaisons
, leur disoit-elle , l'ouvrage de Pé-
nélope ; mes ennemis l'auront bientôt défait ; poursuivons néanmoins , quoique je ne doive compte de mes actions qu'a Dieu.
M. de S è z e , particulièrement chargé
de la partie oratoire de la défense , y déploya tout ce que l'ame et l'imagination pouvoient inspirer dans une cause d'un ordre si élevé et si touchant. Mais le Roi convaincu que rien ne changeroit son s o r t , ne vit dans les beaux mouvemens du discours de M. de Sèze que des moyens de perdre l'orateur, sans sauver l'accusé(1)
( î ) Retranchez votre péroraison, tout éloquente qu'elle est, tiit le Roi à M. de Sèze au moment où il lui communiqua son discours; il n'est pas de ma dignité d'apitoyer sut » mon sort. Je ne veux d'autre intérêt que celui qui doit naître