De Paris à Cayenne : Journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

voyage, et cette moindre durée représente, pour un équipage de cent hommes, soldes et vivres seulement, une dépense en moins de 6,000 francs environ, de sorte que l'administration gagnerait tout à la fois du temps et de l'argent. Et je ne mets pas en compte les économies de solde et de nourriture qu'il y aurait à faire sur le passage des fonctionnaires et autres, qui sont toujours beaucoup plus nombreux que l'équipage, et surtout mieux payés, sur celui des soldats et transportés. Je me borne à considérer en dernière analyse qu'un navire qui ne fait aujourd'hui que cinq voyages en deux années au maximum, pourrait en faire sept dans le même espace de temps, et que le nombre des transports à la mer pourrait être diminué à proportion, sans préjudice aucun pour le service. Qu'arrive-t-il avec le système de lésinerie imposé par l'administration ? Les commandants ne chauffent qu'à la dernière extrémité, et encore n'allument-ils que la moitié des fourneaux. Tandis qu'en pouvant répartir sur chaque traversée, à l'aller comme au retour, huit jours de chauffe avec tous les fourneaux, on serait sûr de ne pas mettre plus de trente à trente-deux jours pour franchir les 1,500 lieues qui séparent la France de la Guyane-, ce qui revient à rapprocher de plus de 25 % les colonies de la métropole.


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