De la fièvre dite bilieuse inflammatoire a la Guyane

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HISTORIQUE.

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« Le 10 décembre un nouveau cas se présente sur un gendarme qui meurt au quatrième jour. « Le 24, un soldat, malade depuis cinq jours seulement, succombe après avoir eu des vomissements noirs et des hémorrhagies. c Jusque-là, la maladie n'avait frappé que des hommes du personnel libre, mais à partir du 21, les transportés des derniers convois sont atteints. Cependant sur six qui sont admis à l'hôpital jusqu'au 1 Janvier, aucun n'est mort, mais la maladie continue.» (Extrait du rapport de M. Chapuis.) er

Il n'est pas inutile de voir ce que pensait M. Chapuis des fièvres qui régnaient pendant ce trimestre, en même temps que la fièvre jaune. « L'irrégularité paraît être le caractère dominant des fièvres intermittentes à la Guyane. Le plus ordinairement on observe un ou plusieurs accès de fièvre et puis il s'écoule un espace de temps plus ou moins long après lequel de nouveaux accès se présentent avec un type bien différent de celui qu'ils avaient à la première invasion. « Nous avons fait souvent cette expérience : Un malade était amené avec la fièvre; lorsque l'accès nous paraissait simple, sans complications graves, nous nous contentions de donner une infusion chaude et nous attendions pour voir à quel type nous avions affaire et très-souvent l'accès ne se reproduisait pas ; nous aurions pu dire que nous l'avions coupé, si sans attendre, nous avions administré la quinine. « En présence de ces fièvres échappant à toutes les règles, le sulfate de quinine doit devenir souvent inutile, faute de savoir à quel moment l'administrer, mais de plus, j'ai acquis la conviction qu'il devient souvent nuisible. C'est certainement faute d'avoir bien compris la nature complexe des fièvres intermittentes qu'on échoue dans leur traitement. On ne s'adresse en général qu'à l'intermittence, tandis qu'il y a le plus souvent quelque chose qui lient évidemment au climat et qui peut exister avec ou sans l'accès intermittent et qui, le plus ordinairement, se traduit par des troubles des organes digestifs. » Cette déclaration, émanant d'un homme rompu depuis longues années aux maladies des pays chauds, apporte, il me semble, un appoint considérable en faveur de ma manière de voir, car, bien que M. Chapuis n'ait pas fait ressortir les liens étroits de parenté entre la fièvre inflammatoire et la fièvre jaune, ce qu'il dit touchant l'inefficacité de la quinine, nous éloigne de l'idée du paludisme, et par conséquent nous entraîne vers l'idée de l'influence amarile.


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