De la fièvre dite bilieuse inflammatoire a la Guyane

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CHAPITRE II.

Cette influence amarile qui se traduit par la fièvre que l'on a appelée de tant de noms divers et que j'étudie ici sous le nom de fièvre bilieuse inflammatoire, que M. Bérenger Féraud a adopté pour les Antilles, va oscillant d'une manière assez remarquable et en rapport étroit avec la fièvre jaune proprement dite. Cette fièvre jaune se rapproche-t-elle de la Guyane ? L a fièvre inflammatoire devient plus fréquente, prend une forme qu'on peut appeler bientôt épidémique, et c'est au point qu'il semble que l'épidémie de fièvre j a u n e , quand elle est arrivée à Cayenne, n'a été que la suite de l'épidémie de fièvre inflammatoire. L a fièvre jaune s'éloigne-t-elle de la Guyane, on voit les atteintes devenir plus bénignes en même temps que moins fréquentes, et c'est au point que l'épidémie de fièvre jaune en se terminant se fond si intimement avec l'épidémie de fièvre inflammatoire, qu'il est extrêmement difficile, impossible même souvent de dire où finit l'une et où commence l'autre. Lorsque la fièvre jaune ne vient pas jusqu'à la Guyane et que cependant elle s'en est assez rapprochée, on voit la fièvre dite inflammatoire augmenter de fréquence en raison directe de la proximité du typhus amaril, et je ne saurais m i e u x faire comprendre m a pensée qu'en faisant la comparaison suivante : On dirait qu'il se passe ici ce qui se passe dans les boîtes dites d'harmonie; à mesure qu'un sou se produit dans les environs, la boîte vibre de plus en plus si le son se rapproche, et arrive, à u n moment d o n n é , à produire elle-même u n son qui multiplie ou augmente le son primitif, puis à mesure que le son générateur s'éloigne, les vibrations de la boîte vont diminuant de plus en plus, n'arrivant cependant à s'éteindre que lorsque la cause initiale a disparu depuis assez longtemps, Sans doute cette comparaison est grossière, imparfaite, mais tout informe qu'elle soit, elle nous permet de faire comprendre la pensée que nous voulons formuler. I l ressort aussi, de l'historique que je viens de fournir, que lorsque la fièvre jaune règne dans les Petites-Antilles, l'influence amarile peut très-bien ne pas se faire sentir à la G u y a n e . Nous en avons u n exemple frappant pour 1868 et 1869, Mais il faudra, je le reconnais volontiers, un plus grand nombre de faits analogues pour juger la question d'une manière définitive. On pourra sans doute m'objecter que les médecins si nom-


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