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LA GUYANE INDÉPENDANTE
Les Colibris construisent leurs nids avec une extrême solidité ; ils emploient du coton, quelquefois de la bourre recueillie sur diverses variétés de fleurs ; cette bourre soyeuse sert de capitonnage pour l'intérieur. Le nid de l'Oiseau-Mouche est construit avec les mêmes soins ; il est simplement attaché à une petite branche d'arbuste ou à un fétu qui pend à la toiture d'une habitation. On compte plus de cent cinquante espèces, tant de Colibris que d'Oiseaux-Mouches, les principales et les plus recherchées sont: le Colibri grenat, le Colibri hausse-col vert, le Colibri haussecol doré, le Colibri topaze, le Colibri à plastron bleu, etc.; l'Oiseau-Mouche sapho, remarquable par la disposition et la dimension de sa queue, l'Oiseau-Mouche rubis-topaze et bien d'autres encore, Citons encore les Guitguits azurs, les Spatules roses, les Fourmiers sombres, etc. Parmi les passereaux, il ne faut pas oublier les Manakins et les Rupicoles. Les Manakins ont le bec court, assez profondément ouvert, déprimé, trigone à sa base, qui est un peu élargie, à mandibule supérieure voûtée, échancrée vers la pointe ; la queue est courte, les ailes médiocres, les doigts faibles avec des ongles petits. Ces oiseaux vivent de fruits et d'insectes. On les divise en rouges, noirs, jaunes, à tête feu ; ces noms désignent leur nuance respective. Les Rupicoles sont remarquables par la disposition et la forme de leurs plumes, par la fraîcheur et la délicatesse des couleurs qui les parent. Ces couleurs sont si tendres et si fragiles, que l'air et le simple contact, de la lumière suffisent pour les ternir en peu de temps ; ils se tiennent de préférence à l'ombre des grands bois ou dans dans les fentes des rochers. Je ne puis quitter les oiseaux aux couleurs variées, au plumage magnifique, sans dire un mot du Pape, des Evêques et du Cardinal. Le Pape est un charmant petit oiseau, aux formes élégantes, et dont la taille ne dépasse guère celle de notre linot. Le rouge brillant du dessous du corps et du croupion, le bleu violet de la tête et du cou, le vert du dos, en un mot, tout son ensemble le rend difficile à décrire, autrement qu'avec le pinceau. Le Pape construit son nid avec art, il le place à l'extrémité des branches moyennes sur les arbrisseaux touffus; sa ponte est de trois à cinq œufs, il couve treize jours et fait deux pontes par an. S'il aperçoit un ennemi auprès de son nid, il se traîne devant lui et cherche à l'entraîner à sa suite ; si son stratagème réussit, il prend son essor et fuit avec rapidité pour revenir à son nid en faisant mille détours. L'Evêque du Brésil, que l'on rencontre quelquefois en Guyane, semble se rapprocher du Cardinal, par les dimensions du bec et par la forme du corps, mais il est plus petit et il n'a pas de huppe ; son plumage bleu foncé est relevé par des reflets clairs qui produisent un effet charmant. Le Cardinal, appelé aussi paroare est originaire des contrées riveraines de l'Amazone ; il est remarquable par la belle teinte rouge de son poitrail et par sa belle huppe. Comme tous les oiseaux à bec dur, il est granivore, mais malgré cela, il détruit une grande quantité d'insectes. Le nid est construit avec du foin, la ponte est de quatre à six œufs. Les trois variétés d'oiseaux dont je viens de parler, sont originaires du Brésil et de la Guyane Amazonienne; beaucoup émigrent jusqu'en Louisiane où ils arrivent à la fin de l'hiver, ils sont là-bas les précurseurs du printemps. Si nous abordons la famille des rapaces, nous la trouvons représentée en Guyane par plusieurs variétés qui sont plus ou moins répandues dans la contrée : Nous trouvons d'abord le vautour Urubu ou Catharte, qui se divise en deux genres, l'Urubu proprement dit et l'Aura. Le premier est de la taille d'un dindon moyen; son plumage est d'un noir brillant, et toutes les parties nues de la tète et du cou sont couvertes d'un duvet court et noir et sillonnées de rides profondes. Les Urubus vivent en troupes dans les lieux habités, où ils rendent de grands services en mangeant les animaux abandonnés et en putréfaction. Leur chair coriace et filandreuse répand une odeur de charogne que rien ne peut faire disparaître ; les mœurs de ces oiseaux sont celles de tous les Vautours. Ils nichent sur les grands arbres, car ils s'éloignent le soir des centres habités. L'Aura est un peu plus petit que l'Urubu ; la peau de son cou est couleur de chair, son plumage est roux tirant sur le noir; la queue est inégale et plus courte que les ailes. Leurs mœurs sont également celles des Vautours en général ; malgré qu'ils se nourrissent de chair morte, ils s'attaquent Quelquefois aux agneaux et aux serpents.