DES INDES.
LIV. VI.
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siest-ce qu'ils avoient entr'eux quelque sorte de lettres & de livres par lesquels ils conservoient à leur mode les choses de leurs predecesseurs. En la Province de Yu-latan, où est l'Euesché qu'ils appellent de Honduras, il y avoit des livres de fueilles d'arbres à leur mode ployez & esquarris , esquels les sages Indiens tenoient comprises & des duittes la distribution de leurs temps, la cognoissance des planettes , des animaux & des autres choses naturelles, avec leurs antiquitez: chose pleine de grande curiosité & diligence. Il sembla à quelque Pédant que tout cela estoit un enchantement & art de Magie, & soustint obstinément que l'on les devoit brusler, de sorte qu'ils furent mis au feu. Ce que du depuis non seulement les Indiens recogneurët avoir esté mal fait, cognoistre les secrets du pays. Il en est arrivé autantés autres choses, caries nostres pensans que le tout fust superstition , ont perdu plusieurs mémoires des choses anciennes & sacrees qui pou voient beaucoup profiter. Cela procède d'un zele foi & ignorant, qui sans sçavoir ny vouloir entendre les choses des Indiens, disent ( comme à charge close ) que ce sont toutes sorcelleries , & que tous les Indiens ne sont que des yurongnes. cune chose. Car ceux qui se sont voulus diligemment infermer d'eux, y ont trouvé beaucoup de choses dignes de consideration . Un de nostre compagnie de Iesus, homme fort accort & experimëté,assembla en la Province de Mexique les anciens de Tescuco, de Tulla, & de Mexique, & l iiij