Le commerce des isles françoises de l'Amérique par Marseille et autres ports du royaume. Vol.2

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PAR MARSEILLE. 435 Lorsque sous Charles II le Parlement d’Augleterre en passant de SUCRE. nouveau cet acte après la restauration , ordonna de tenir la main à Ion exécution, les Anglois étoient déja tellement les maîtres du négoce du sucre , qu’ils ne craignoient plus de rivaux , du moins dans les Ports de l’Europe , au sud du Cap de Finisterre. Car les Portugais continuerent de debiter leurs sucres dans les échelles du Levant , & dans les autres Ports de la Méditerranée, les fraix de la réexportation à ces Ports , devenant trop considérables pour les Anglois , par la distance qui sépare la Grande-Bretagne du détroit de Gibraltar. Les planteurs étoient dédommagés par la quantité du sucre qu’ils fabriquoient , du bas prix auquel ils le donnoient. Leurs bénéfices fur la masse de leurs envois en Europe , étoient même assez forts pour qu’ils continuassent de s’enrichir , malgré l’établissement du droit d’entrée en Angleterre imposé en I66I , par l’acte de tonnage & de poundage fur toutes les marchandises tant séches que liquides , & malgré l’établissement d’un droit de sortie imposé à la Barbade en 1663 , & quelque tems après , aux Isles du Vent, fur toutes les productions de ces Colonies. Le droit accordé par l’acte de tonnage & poundage , qui est ce que l’on appelle le vieux - subside , fut fixé à 18 den. ( environ 3 5 f. tournois ) pour les sucres , à raison de 5 pour cent. Celui qui fut établi aux Antilles , étoit de quatre &: demi pour cent. Tous les deux subsistent encore. Le Commerce du sucre soutenoit bien ces charges , puisque la Barbade feule fit entrer quatre millions sterlings en Angleterre dans l’espace de tems qui s’écoula entre 1656 & I676. Mais il paroît que c’étoit aussi tout ce qu’il pouvoit supporter. Car Jacques II ayant mis dans la prémière année de son régne , un droit d’entrée additionnel d’un farthing par livre fur le sucre brut, ce qui fait 2 shellings 4 den. ( environ 2 livres 14 f. tournois ) pour cent, la confommation intérieure eu diminua tout à-coup d’une maniéré très-sensible. Ce Prince sentant luimême , en établissant cette taxe , qu’elle nuiroit au débit extérieur des mascavades, arrêta que le nouveau droit seroit rendu à leur sortie. Par Une inattention fatale à ses sujets , il omit de fixer une allouance proportionnée à cette remise pour les sucres raffinés que l’on réexporterait, quoiqu’il fut tout simple que ces sucres étant fabriqués avec des mascavades qui avoient payé à leur importation le nouvel impôt , partici passent , comme les mascavades , à l’affiranchissement de ce même impôt, lorsqu’on les envoyoit au-dehors. Il arriva de-là que l’Angleterre perdit l’exportation de ses sucres raffinés , qui étoit considérable alors. Les Raffineurs Hollandois & Flamands qui achetoient à bon matché les mascavades Angloises , fur lesquelles l’exporteur avoit obtenu la remise droit de 2 shellings 4 d. pour cent, & celle de 9 d. pour cent pavé à l’entrée , en vertu de l'acte de tonnage & de poundage , supplanterent les Anglois dans tous les marchés , en vendant leurs sucres douze pour cent moins qu’eux» lii ij


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