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à un reptile hideux, engourdi par la gelée, et que le soleil de printemps échauffe et vivifie. Toute la bande et Bala lui-même ne peuvent la regarder sans horreur. Elle voit la situation de ses enfans ; sa tête de caïman se balance un instant et elle se lève lentement sans quitter ses plantes vénéneuses. Soudain, d’un bond, elle se trouve entre les deux adversaires. Ses membres frémissent, ses yeux jaunes et sa large bouche s’ouvrent et se ferment successivement. L’impression superstitieuse produite
par son cauchemar, son aspect effrayant ,
les récits exagérés de Bois-Piquant, le motif de la réunion , le caractère du lieu et ses mystérieuses ténèbres, la présence certaine de l’esprit du mal, tout concourt à grandir la vieille dans ces faibles et vives imaginations. Bala lui montre l’empoisonneur qui , rassuré par son innocent otage, demeure impassible. « Moi avoir deviné , » lui répondit-elle, en épiant les gestes de la troupe infernale. Les marrons en suspens attendent quelques effets merveilleux de l’art d'Iviane et de son ta-