Les derniers flibustiers. La vie au désert

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LA MORT DE L’OLONNAIS

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— Qui l’a bien reçu, je suppose, fit Morgan ; car, enfin, un frère de la Côte n’est pas le premier venu. — Oh ! le roi l’a reçu d’une façon charmante, Julien est même resté une heure au château, parmi les plus brillants seigneurs du royaume. — A-t-il de la chance, ce Julien ! fit en riant Venten-Panne. Puis, remarquant que le jeune homme riait sous cape sans dire un mot, il demanda à Mont bars. — S’est-il comporté dignement? — Gela dépend du point de vue auquel on se place. D’ailleurs, tu pourras répondre toi-même à ta question quand je t’aurai dit qu’en une heure, dans un endroit où nul n’ose élever la voix, il a trouvé le moyen de ramasser quatre duels. — Mais c’est admirable ! s’écria Vent-enPanne. — Tu trouves ? goguenarda Montbars. — Parbleu !... Et le résultat ?... — Une gorge traversée et trois poitrines trouées de part en part ! — Tu ne sembles pas en être enchanté : — C’est que je ne vois pas les choses sous le même jour que toi : j’eusse désiré chez Julien un peu plus de modération ; notre réputation n’eût pu qu’y gagner. A l’heure qu’il est. toute la cour nous considère comme des bêtes fauves altérées de sang ! — Le grand malheur! fit Ourson en souriant assez dédaigneusement. — Veux-tu que je me fasse moine ? demanda Julien en frappant amicalement sur l’épaule de Montbars ; dis, le veux-tu ? — Non, frère, je ne le veux point. Je voudrais seulement que dans certains cas tu fusses un peu moins mousquetaire. Puis redevenant subitement plus grave.


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