Considérations pathologiques sur les pays chauds

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communes voisines, l'épidémie fut très-meurtrière, surtout sur les enfants. Au Vieux-Fort, commune assez éloignée de la BasseTerre, et sans médecin résidant, la diphthérite a fait de grands ravages, parce que la gravité du mal n'était pas soupçonnée dès le début. Nous fûmes appelé un jour dans une famille de cette commune, pour voir un jeune garçon très-robuste, âgé de douze ans, subissant depuis plusieurs jours les étreintes du fléau. La respiration était difficile, la tuméfaction du cou énorme; la diphthérite était nasale, pharyngienne, laryngienne, trachéale. A deux pas du malade, nous entendions le sinistre ronchus produit par les soupapes pseudo-membraneuses. L'enfant se promenait agité dans sa chambre et essayait même de lire. Ici, pas la moindre ressource: une opération était inutile, nous nous bornâmes à une médication rationnelle, mais impuissante. Nous eûmes l'idée de visiter la gorge des autres membres de la famille. Le père, la mère et deux enfants, présentaient tous des plaques sur les amygdales, et rien ne les avait avertis des atteintes du mal. Nous procédâmes à une cautérisation énergique, donnant des instructions précises pour que cette opération fût répétée, conseillant le déplacement, le transport à la Basse-Terre, en cas d'aggravation de la maladie. Nous fûmes assez heureux pour les sauver ; quant à l'enfant de douze ans, nous apprîmes qu'il avait succombé quelques heures après notre départ.


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