Les monuments aux morts d'Emile André Leroy

Page 45

Ils sont morts de maladies

Ils sont morts sur le front oriental

Parmi les soldats du monument, plusieurs sont morts de maladie. C’est l’une des spécificités des soldats guadeloupéens : la proportion de décès dus aux maladies est supérieure à celle des soldats de métropole. Cela est souvent lié aux rigueurs du climat. Pourtant, dès 1913, s’est amorcée une réflexion sur la prétendue inadaptation des soldats antillais au climat métropolitain : l’armée met alors en place l’hivernage dans le Sud de la France ou en Afrique du Nord. Grégoire Monter a ainsi succombé le 28 août 1915 à l’âge de 24 ans à l’hôpital complémentaire de Bordeaux, des suites d’une rougeole, d’une bronchite et d’une pneumonie. Joseph Augustin est mort le 24 juillet 1918 à 31 ans à l’hôpital complémentaire de Toulon, d’une congestion pulmonaire. Il avait 31 ans. Fénelon Marcé est décédé le 12 mars 1915 à l’age de 20 ans à l’hôpital St Maur de Toulon d’une fièvre typhoïde.

Les soldats guadeloupéens sont particulièrement concernés par les combats du front oriental, dit «secondaire», car ils sont souvent incorporés dans les régiments d’infanterie coloniale. Ces corps d’expéditionnaires embarquent à Toulon pour partir combattre les Ottomans aux Dardanelles, puis les Bulgares à la bataille de Salonique. Ce sont les combats de cette Armée d’Orient qui ont le plus marqué la mémoire guadeloupéenne. Théodore Pérafide est tué à l’ennemi le 2 mai 1915 d’une balle à la tête, alors qu’il se portait à l’assaut à Seddul Bahr (actuelle Turquie). Il avait 22 ans. D’autres, comme Léonce Bardu, ont disparu au cours de cette même bataille, qui se déroule pendant l’expédition des Dardanelles, lors de laquelle les forces franco-britanniques débarquent dans la péninsule de Gallipoli.

LA GUERRE ET APRÈS ? Dans la presse

Un grave problème social Des compatriotes, par chaque paquebot, nous arrivent nombreux de France, retour des armées. Ce n’est pas sans fierté que nous saluons tous ces hommes forts et beaux, portant la croix de guerre, la médaille militaire ou la fourragère… Mais il faut penser que, la guerre finie, les compatriotes qui rentrent chez eux devront se reclasser, reprendre leurs occupations d’avant-guerre, participer à la vie économique du pays. D’aucuns ont toute une vie à refaire car, la mobilisation les ayant brusquement enlevés de leurs foyers, ils ont perdu le fruit de quelques années de travail […] Il ne suffit pas de glorifier leurs exploits […] on devrait, dans notre colonie, mettre des concessions de terre à la disposition de ceux qui reviennent de la grande guerre […] rien n’ayant été prévu, la plupart des démobilisés rentrent désorientés, ne sachant comment remployer leur activité. Editorial de H. Adolphe Lara, Le Nouvelliste, 27 février 1919, Archives Départementales de la Guadeloupe, cote 2Mi 5R 10.

Journal officiel de la Guadeloupe, 1919, Archives Départementales de la Guadeloupe, cote 3K111

45


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.