On dit qu'elle doit rester à la maison et assurer les tàches domestiques. Les enfants non plus ne peuvent pas faire d'études. Les familles sont pauvres, parfois elles n'ont même pas les moyens d'acheter un crayon et elles préfèrent envoyer les enfants au travail afin qu'ils rapportent un peu d'argent. Mais il y a pourtant des projets d'éducation; par exemple Sabina fait partie d'un groupe qui va dans les villages pour faire de l'alphabétisation.
N - Pensez-vous que les accords de paix et l'accord concernant les peuples Maya, Xinca et Garifuna vont changer quelque chose au Guatemala ? Sabina - Nous sommes satisfaits du processus de paix et particulièrement de l'accord en faveur des peuples indigènes qui a été signé en août. Mais pour qu'il reste plus que des mots et un bout de papier, il faudrait que de tels accords soient signés dans tous les pays. Ofelia - Le processus de paix est un accord entre le gouvernement, l'armée et l'URNG (6) mais nous savons qu'on ne peut pas signer une paix durable sans que soient d'abord signés des accords substantiels traitant des problèmes de la société. On a commencé à les aborder, et on a obtenu entre autres la signature de l'accord global sur les droits de l'homme, le 29 mars de l'année dernière. En août 1994 a été signé l'accord sur les populations déracinées et déplacées. Ce qui est pour nous, maime-
nant, un grand pas en avant: l'accord pour j'identité et les droits des peuples indigènes. Mais beaucoup de sang a été versé et il a fallu beaucoup de temps pour en arriver là. Pour veiller au respect de ces accords, la mission des Nations Unies (la MINUGUA) est actuellement au Guatemala. Un très grand travail a été fait et quatre accords ont
C'est une grande expérience que je n'avais jamais eue auparavant, sinon au sein de nos communautés, mais jamais au niveau internationaL C'est la première fois. Nous avons pu échanger des idées, entre autres sur la situation de Leonard Peltier, dont je n'avais jamais entendu parler jusque là. Savoir qu'un frère indigène a été emprisonné dans de teUes circonstances m'a beaucoup émue. J'ai également beaucoup appris sur les problèmes de l'Amazonie et du Canada. ai le privilège de pouvoir rapporter toutes ces informations à ma communauté et je ferai partager la douleur de chacun de ces peuples. En me rapprochant de ma communauté, je me sens plus indigène encore. Parfois, c'est vrai, je me dévalorise. Mais je crois que je dois saisir cette opportunité d'informer les gens sur notre culture et de la valoriser. Je n'ai pas honte; être indigène, c'est pour moi une fierté. Ofelia Cette marche a été une grande expérience partagée avec des frères indigènes d'autres pays. Je me suis rendue compte que la même préoccupation nous unissait. Nous allons poursuivre la lutte pour que, dans l'avenir, nous puissions vivre en paix. Quand aux liens qui à présent nous unissent, j'ai le sentiment qu'ils sont très forts et qu'ils nous seront très utiles. Je crois que ces aides vont être très importantes pour continuer à sensibiliser, promouvoir, éduquer. Gràce à elles, nous allons pouvoir progresser encore mieux pour résoudre nos problèmes au Guatemala.
r déjà été signés. Malgré cela, les violations des droits de l'homme continuent. Il faut encore que l'on traite les thèmes socio-économiques, la situation agraire, le renforcement du pouvoir civil et que l'on définisse le rôle de l'armée dans une société démocratique. Il faut aussi aborder la réforme de la Constitution et les lois concernant les partis politiques. Nous avons foi en ces accords, nous espérons que cela va permettre une avancée significative pour le peuple indigène au Guatemala.
N - Que vous a apporté cette marche pour les droits de l'homme et des peuples indigènes? Sabina - Pour moi, cette marche a une signification très importante. Quand je suis arrivée, je n'avais aucune idée de ce que j'allais trouver. Je ne savais pas que j'allais rencontrer tant de gens qui poursuivent la même lutte.
Propos recueillis par Sylvain Duez Alesandrini et Barbara Pagel; : Pascale de Bettignies; transcription et mise en forme: Andrée Rotin Pagel 1. Compte-rendu dans Nitassinan n° 42, p. 32 2. Mission des Nations Unies pour la paix au Guaremala 3. Métis 4. Services de renseignements guatemaltèques, très proches des dictatures. 5. Bandes organisées de jeunes délinquants parfois utilisés comme espions par la police. 6. Union Révolutionnaire Nationale Guatémalrèque.
Violence et torture Au Guatemala, la torture semble endémique. D'après le Comité des Nations Unies contre la Torture, il y aurait eu, en l'espace de 30 ans, 130 000 exécutions extra-judiciaires et 46 000 disparitions. L'organisation humanitaire guatémaltèque Casa AJianza vient de saisir le Comité contre la Torture de 38 cas de mauvais traitements inffigés à des enfants abandonnés.
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