166
CRISTALLINE BOISNOIR
elle l'accueille distraitement. Il arrive le samedi, à la vêprée. Sa face réjouie a l'air d'une boule d'ébène bien
encaustiquée.
Ses dents sont très blanches. Il a soin de les frotter
avec des fibres de canne à
sucre. Popo se dandine devant elle, satisfait de jouer un rôle. Quand elle fait la moue, il rit ; quand elle daigne parler, il jubile. Souvent tous deux se taisent. Les minutes sont lourdes d'un tas de souvenirs. Le neg' bitaco est patient, rien ne le rebute. Il sait attendre, et pour conserver son inaltérable bonne humeur, il se dit tout bas : — Grimace à ton aise, jolie Mamzelle. Bientôt je serai ton maître. Je frapperai sur la table de mes poings solides en commandant très fort : Fouick là ! servez-moi ma soupe...