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CRISTALLINE BOISNOIR
Pendant le prône, il suce son pouce. Les dames lui sourient en jouant de l'éventail. Le Sacré-Cœur en plâtre le bénit. Dans un coin, la confrérie baroque des Silencieuses marmotte un rosaire. L'encens et les orgues amollissent les esprits. On repose délicieusement sa conscience quotidienne
dans
une
béatitude
opti-
miste. Dès que Vite missa est délivre les fidèles,
Cristalline
se précipite chez sa
marraine. Elle sait qu'une mijote pour elle dans le
tonton-banane canari.
L'après-midi, elle s'attarde auprès de Tomette. Mano prolonge son somme sous la moustiquaire
de la
marchande.
Les
rues s'engourdissent dans la langueur dominicale. On se parle d'une
maison à
l'autre, nonchalamment. Le soleil tend sa nappe de feu sur le trottoir, les fontaines des cours se plaignent goutte à goutte. Cristalline digère, enfouie dans une dodine. Les mains croisées sur sa poitrine abon-