Considérations sur l'esclavage aux antilles françaises et de son abolition graduelle

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( 35 ) d'être modérés. L e u r imprévoyance naturelle ne leur permettait pas de penser que cet état de choses pût jamais changer. Alors il y avait réell e m e n t , pour le

v u l g a i r e , quelque chose

de

grand dans ces h o m m e s , maîtres absolus de la volonté d'autres h o m m e s ; généreux parce qu'ils étaient riches, loyaux dans leurs

transactions

parce qu'ils pouvaient s'adonner

à leurs pas-

sions sans recourir à des bassesses,

hospitaliers

jusqu'à la prodigalité, parce qu'ils y trouvaient un moyen d'échapper à l'uniformité de leur vie, et celui d'étaler leur puissance ainsi que leur richesse. Mais cet état de choses était bâti sur des fondements trop fragiles pour pouvoir durer. Les circonstances qui avaient poussé dans cette voie le caractère du colon devaient, en s'altérant, le changer aussi. Nous avons dit qu'il était souverainement i m p r é v o y a n t , et que l'oisiveté à laquelle il s'était condamné ne permettait pas à son esprit de se. retremper dans les épreuves salutaires de l'expérience ; nous ajouterons encore qu'il était peu éclairé. Quelques-uns avaient bien traversé les mers pour venir puiser aux sources du savoir les connaissances qu'ils ne pouvaient acquérir chez e u x , mais leurs études

s'étaient

ressenties de la manière molle, indolente, de leur première éducation.

Abandonnés à tous

leurs

caprices, livrés à leurs inclinations bonnes 3

ou


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