Collection des mémoires et correspondances officielles sur l'administration des colonies

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SUR LES COLONIES. 3 l marchand de nègres, sous la protection de la loi qui confirme le marché, et je ne fais aucun tort au nègre qui passe, en vertu de ma convention , d'une condition pire, où je ne l'ai pas mis, à un état meilleur, où il est de mon intérêt de l'entretenir. Je fais avec lui un nouveau marché ( 1 ) , semblable à celui qui lie tous les propriétaires aux gens sans propriété. Travaille pour moi, et je te nourrirai : voilà le pacte universel des riches avec les pauvres (2). Dans toutes les sociétés, celui qui a, n'accorde la subsistance à celui qui n'a rien, qu'en disposant de ses bras et de sa sueur. Quelle différence y a-t-il entre ce marché tacite, et celui par lequel j'ai acquis la propriété d'un nègre, si ce n'est qu'il m'en a coûté 1000 fr. de plus qu'à vous pour avoir le droit de faire travailler u n homme en le nourrissant, comme vous nourrissez votre journalier? Mais mon intérêt m ' m -

(1) Ce nouveau marché est-il l i b r e ? Donner la l o i , tant douce puisse-t-elle ê t r e , ne doit point s'appeler faire un marché. (2) L'auteur n'est point ici de bonne foi ; il a trop d'esprit pour ne pas savoir que c'est le pauvre qui nourrit le riche , et que le journalier même , pour vingt-quatre heures, fait sa propre, loi.


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