Chez nos Indiens, quatre années dans la Guyane française (1887-1891). Partie 2

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CHEZ NOS I N D I E N S .

battante, et passons dans cet équipage la petite colline de vingt-cinq mètres sur laquelle il faut faire glisser le canot vide au moyen de rondins, travail qui va prendre la journée de demain. Ce soir nous ne dînons pas. On ne saurait passer en canot ce saut Canouri : c'est un énorme barrage de rochers coupant toute la rivière ; il faut hisser canot et marchandises par-dessus la colline de la rive droite. Ce matin nous ne déjeunons pas. On fait sécher le linge. 13 janvier.

— Nous arrivons aujourd'hui au saut Machicou, le deuxième

très grand saut, le plus fort avec Canouri. Il faut décharger les bagages, mais on va passer le canot dans le saut, qui a environ dix-huit cents mètres de longueur. Au dégrad d'aval, une croix de bois indique la place où a été enterré un nommé Pointu, créole de Cayenne qui avait été mordu par un serpent dans l'Inini et qui est venu mourir ici. Il était presque guéri, à ce qu'on dit; mais ayant chaviré dans Machicou, il resta quelque temps dans l'eau, ce qui est, paraît-il, mortel quand on est convalescent de la morsure d'un

serpent

venimeux. Ce matin on passe le canot dans Machicou. On met une heure

pour

descendre les cinq grandes chutes du saut, en se lançant en plein au milieu des brèches et des remous. D'après Victor, qui connaît bien le fleuve, voici l'importance comparée des différents affluents de la basse Approuague. L'Ikéni est fort comme l'Armontabo, cependant cette rivière a seulement huit mètres de largeur à l'embouchure. L'Ipoucin est plus petit. Le Mataroni est un peu plus faible que la crique Couy. Le Néry (Juéry) est comme le Gabaret. Le Cououèye (Courouaye) est plus petit que l'Arataye, qui est la plus grande crique de l'Approuague. L'Arataye passe derrière l'Orapu et va vers la tête du Sinnamary, mais non jusqu'à celle de la Mana. 1 5 . — Nous rencontrons des embarcations qui montent avec des canotiers créoles. Ils chantent à tue-tête, ces braves mathurins des cataractes. Ils ont raison : ils sont bien payés. A l'Approuague, les canotiers sont à 6 francs et les patrons à 7 ; en plus, les vivres : couac, tafia, saindoux, bacaliau, lard salé. Comme avec tous les canotiers créoles, il faut leur payer leurs journées de retour, et s'ils font un voyage qui devra leur prendre dix jours aller et retour, ils vous


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