Première formation d'une chaîne de postes entre le fleuve Saint-Laurent et le Golfe du Mexique Vol.1

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LE DÉTROIT PONTCHARTRAIN.

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2° Que tout commerce, que toute fréquentation entre les Sauvages et les François est dangereuse et corrompt leurs mœurs ; 3° Qu’il n’y a que l’esloignement des habitations françoises qui les préserve et les garantisse de cette corruption. Réponse de Lamothe. — Ce sont plutost trois illusions que trois raisons ; car si la langue françoise rend les gens desbauchés et corrompt les mœurs, les rois de France ont eu tort de s’en servir et sont responsables d’un si grand mal pour l’avoir souffert et permis en Languedoc, en Guyenne et dans toutes les autres provinces. Suivant cette maxime, on devroit défendre d’imprimer, ni de lire ni escrire en françois, hors de l’Isle de France. On sait bien que les mauvaises sociétés sont dangereuses; mais il ne s’ensuit pas de là que tous les François et tous les Sauvages sont meschants pour cela. On ne dit rien contre ce dessein d’esloigner les Sauvages, parce que cela engageroit trop avant dans la matière et on veut bien avoir de la discrétion dans cette rencontre. Lamothe a sapé jusqu’aux racines ces trois mauvaises raisons ou illusions dans le mémoire qu’il a donné à Monseigneur. Par la première, il proteste que ceux qui les avancent n’en voudront pas démordre, parce qu’ils estiment qu’il y va de leur réputation de triompher tousjours. Par la deuxiesme, c’est que si toutes les nations se réunissoient à une mesme langue, toutes sortes d’ecclésiastiques seroient reçus à les enseigner et à les instruire, et que par conséquent les gratifications seroient divisées et partagées en plusieurs mains et en différens ordres.


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