Découverte par mer des bouches du Mississipi et établissements de Lemoyne d'Iberville. Vol. 1

Page 367

MARS

1699.

PASSES DU MISSISSIPI

279

furent à la chasse, tuèrent quelques canards, en attendant le lendemain matin pour mettre dehors. Cette rivière court, en montant, à l’ouest-nord-ouest et au nord-ouest. La coste a plus de douze à quinze lieues, et n’a qu’une langue de terre des deux costés, ce qui fait qu’elle est inondée, n’ayant pas un pied de terre au-dessus de l’eau. Les deux pointes de cette rivière portent plus de vingt-cinq lieues au large, comme nous vismes par la hauteur, et forment un grand enfoncement des deux costés, qui sont remplis d’une multitude innombrable d’islets noyés, parmi lesquels il n’y a rien dessus, que quelques joncs piquants ou de meschantes herbes, des arbres morts, que les vents et courants jettent dessus. Nous y trouvasmes des chats sauvages, un peu plus grands que ceux d’Europe, qui ont la teste comme un renard. On les tuoit à coups de baston. Ils sentent beaucoup le marescage et le poisson, ne vivent presque que de cela et de quelques oiseaux qu’ils peuvent attraper. Je crois qu’ils sont amphibies. Le dimanche 29e, sur les cinq heures du matin, nous nous embarquasmes d’un petit vent d’est presque tout calme. A mesure que nous nous approchions de la passe, nous trouvions qu’il assomissoit(?) peu à peu comme six, quatre, trois brasses, ensuite quatorze, treize, douze et onze pieds d’eau dans le milieu de la passe, qui brisoit des deux costés, qui n’a pas ses brisans plus de la portée d’un pistolet de large. Nous gouvernasmes droit à l’est pour sortir, il nous parut huit passes. Les deux, qui sont du costé du nord, nous parurent brisées partout, ce qui nous obligea de prendre celle du sud, où je crois que, de mer haute, elle peut avoir environ douze pieds d’eau, mais il y a presque toujours deux pieds de levée,


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.