Les aventures d'un négrier

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LES AVENTURES D’UN NÉGRIER

si particulièrement à moi, la nuit du crime, à la suite de quoi, ses soupçons s’étaient transformés en certitudes. Si j’écrivais non mon histoire mais celle de Don Rafael, ce serait ici le lieu d’un récit instructif et intéressant où l’on verrait comment — ainsi du moins l’affirmait-il — les « circonstances » avaient transformé un très respectable soldat de fortune en un boucanier authentique. Mon oncle avait été, en Europe, son camarade de collège puis son compagnon d’armes. Lorsque la guerre d’indépendance sud-américaine, pour réussir, avait réclamé les services de volontaires étrangers, Don Rafael et mon oncle avaient prêté leurs épées aux insurgés de Mexico et avaient été récompensés par ceux-ci ainsi que les « libérateurs » ont accoutumé de l’être... Après maints coups du sort, mon pauvre oncle aurait péri au cours d’un duel où Don Rafael avait tenu le rôle d’ « ami ». Mon parent était mort en « homme d’honneur » et, peu après, Don Rafael avait commencé d’être victime de ces circonstances qui, de fil en aiguille, l’avaient conduit à massacrer mes compagnons et à me sauver la vie. Nous perdîmes, à causer ainsi, une grande partie de l’après-midi. Notre conversation s’acheva sur le conseil que me donna mon ami d’être sans cesse sur mes gardes et sur la prière qu’il me fit de me consoler à la pensée que son dessein n’était pas de me laisser languir bien longtemps sur cet îlot. — Je te prescris, me recommanda-t-il plusieurs fois, de surveiller particulièrement Gallego, le cuisinier. Chez nous, c’est lui l’homme chargé des


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