Les nègres en politique; couleurs, identités et stratégies de pouvoir en Guadeloupe. Tome I-1

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Il - 1. "Races", couleur et ordre social : Généralités.

Dès lors que le langage populaire exprime à ce point la perception de l'identité ethnique, nous ne sommes plus dans le cadre d'une simple vision classificatrice qui serait le privilège de la seule administration coloniale, mais dans le champ des processus identitaires, c'est-à-dire des mécanismes par lesquels les individus se représentent, se nomment, se reconnaissent, se distinguent ou s'agrègent.

A - La couleur comme signe de l'identité.

Perception visuelle et assignation identitaire.

L'identité est d'abord appréhendée par l'extériorité physique : la couleur de l'épiderme comme signe le plus visible de la différence, la texture des cheveux, le dessin des traits du visage sont autant de marques signifiantes à partir desquelles est présumée l'ascendance socio-raciale d'où est déduit le statut social. Parallèlement, la couleur induit le présent statut social en un automatisme mental mettant en relation la race et la classe sociale, parcours cognitif que nous pouvons schématiquement représenter comme suit :

Le phénotype joue donc à la fois comme marque de l'origine et critère apparent d'appartenance à une classe sociale. C’est l’entrée de lecture du processus cognitif : le nègre comme l'homme de couleur sont "vus" comme descendants d'esclaves, le blanc comme


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