Les nègres en politique; couleurs, identités et stratégies de pouvoir en Guadeloupe. Tome I-1

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- Les ouvriers agricoles : main-d'oeuvre rurale surtout nombreuse dans la région sucrière, résidant sur les habitations, elle se compose des ouvriers casés, vivant sur l'habitation même et d'une main-d'oeuvre composite, semi-prolétariat rural fixé autour des champs cultivés, des usines et des propriétés. La composition ethnique est majoritairement noire avec des minorités indiennes, plus ou moins importantes selon les régions considérées. - Les activités de subsistance "marginales": plus activités de subsistance, ou activités d'appoint que véritables métiers ou professions, ce terme recouvre la palette des activités liées à l'exploitation et la vente des produits de la nature : pêcheurs, charbonniers, vanniers, colporteurs et marchands de produits divers (herbes médicinales, petits ustensiles locaux, boissons et nourriture).36

C - Les identités nègres ; essai de définition de socio-types.

Le triptyque hiérarchique de la société post-esclavagiste.

En résumé, la hiérarchie sociale guadeloupéenne de la fin du XIX

e

siècle nous semble

résulter de la combinaison de trois systèmes : • Le système socio-économique qui se présente comme la structure objective et apparente de l'organisation sociale. Cette structure, si elle conserve les caractères fondamentaux de l'ancien système a cependant notablement évolué depuis 1848. La mobilité de la main-d'oeuvre, la stabilisation des métiers, les mutations de propriétés et le développement de l'instruction ont été les facteurs favorisant une relative mobilité et ascension sociale, limitée mais réelle, sinon des groupes mais en tous cas des individus.37 Si donc l'existence au sommet de la hiérarchie sociale d'un petit groupe, essentiellement blanc, concentrant le pouvoir économique et politique, et à la base, confinée

36 : Aucune approche quantifiée de ces activités ne nous semble possible. Par contre, nous pouvons en avoir une idée précise à travers les romans d'époque, certaines survivances autorisées par les transformations survenues depuis, et la mémoire populaire. Il existe par ailleurs une iconographie assez riche, retraçant sous forme de clichés "exotiques" cette multiplicité d'activités. On peut y accéder chez les collectionneurs privés, aux Archives Départementales, ou par les reproductions commercialisées. Voir entre autres: La Guadeloupe en ce temps-là. Editions Chaudet. 3 vol., 1983 ou encore La Guadeloupe en 1900, 1993. 37 : Dans sa thèse, Lasserre estimait à environ 10.000, en 1875, le nombre de petits propriétaires de lopins d’ 1 à 2 ha. Voir Guy Lasserre. La Guadeloupe, (op.cit.).


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