180
VOYAGE
DE
à les euiter, & le tirer des passages tres dangereux fans s'y perdre. Ie les ay veu fouuét palier au milieu des bacs, de basses & de roches, par de petits canaux si estroits, qu’il n'y auoit q la place de leur barque, & quelquesfois si iu fte qu'elle fray oit les rochers des deux costez ; de neantmoins ils alloiét asseurement au milieu de ces dangers & la voille haute : de moy qui efiois conduit par eux en auois tresgrande apprehension, ce qui m’est souuent arriué. Mais ie n’ay jamais eu telle apprehenfion que de me voir vne fois efiant auec quelques vns de ces Insulaires en vn petit basteau, qui n’auoit pas plus de quatre brasses de longueur , la mer plus haute que moy de deux piques, fi orageuse & si enflee que rien plus. Il me fembloit a tout momét, que le louëfsme m'emportoit hors du basteau, ou i’auois bien de la peine a me tenir, & eux ne Pen soucians pas ne faisoiét que rire.