Histoire universelle des Indes orientales et occidentales, divisée en deux livres, le premier par Co

Page 12

2

LIVRE PREMIER DE L’HISTOIRE

neus destroits & routes de la mer, ont à l’enuie l'une de l'autre par vue grande & hardie entreprinfe, entré dedans bien avant iufques aux peuples, aufquels par cy deuant on n'auoit fçeu aborder. Les Phéniciens ont bien jadis deuant deux mil ans & davantage, passé en Efpagne avec une grande troupe de navires. Ceux de Carthage pareillement, ayans dressé vn voyage de mer deuers les parties meridionales hors les colomnes d'Hercule, ont trouué quelques terres neuves : mais ces navigations, ôc voyages furent petits, ou bientoft discontinuez. La navigation des Efpagnols ôc Portugais à efté hantée ôc continuée ia par vne cétaine d'années par la flotte qui en revient annuelle ment, descouurant encor tous les iours de nouveaux peuples, en les donnant. D’autres nations ont quelques fois essayé, Ôc tafehé de faire le mesme ; mais l'issuë de leur entreprinse n’a esté gueres heureufe par ce que jettées hors, & deftruites entierement par les armes victorieuses des Efpagnols,elles ont esté conftraintes de leur laisser la feule possession de ces Royaumes, fans pair ny compaignon. Mais parce qu'en ces hiftoires j'ay proposé & délibéré, de faire vne generale description des terres incogneues & n’agueres defcouuerres, ce ne fera pas hors de propos de reprendre le commécement de l'Histoire. Car a cognoissance d’vn cas fi memorable me semble requerir vn plus ample recit, & narration ; d’autant que l’ouuerturc de ces terres fut plus memorable,& proussitable, qu’aucunes de celles qui aduindrét christofle Co- auparavant. Le Capitaine ôc autheur d'un si excellent& salutaire voyalomb. ge fut Christofle Colomb perfonnage tres-digne que la memoire de Le païs de son nom dure eternellement. Il eftoit natif de Cugurco, ou comme Colomb. les autres veulét,d’vn petit,& incogneu village appelle Arbizoles fitüé en la prouince de Ligurie en Italie,des sô bas âge il s’adôna à l’exercice de la navigatiô, failànt voile en diverses côtrées du mode ayat laissé fon pais naturel il s'en vint en Portugal, ou comme aucus veulét à Madere, ou il s’exerçoit à faire des cartes marines pour ceux prin cipalement, qui voguoient & navigeoient le long de la coste d’Afrique, de laquelle en ce temps là, on n’avoit encor suffisante cognoisfance, & s’estant prins garde allant sur mer de quelques continuels vents Occidentaux, pensant à par foy que les vents viennent de quelque cartier de la terre & que s'il ny avoit de terres en Occident, les vets n'é pourroiét souffler, il comença à se douter de ce qui en estoit, sçavoir eft qu'il y avoit quelques terres du costé du Ponant, Par fortune en ceste mesme laison vn navire, qui eftoit party d’Espagne flottant par la grande mer Oceane, apres vn voguement, & agitation de quelques iours futiecté fins y penser par une tourmente, ôc tempeitc


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.