— 174 — cette lacune regrettable et de centraliser en une société les efforts communs de tous les habitants de la colonie. Quelques hommes intelligents rédigèrent les statuts d'une société d'agriculture qui prit le nom de Société d'agriculture de la Pointe-à-Pitre. Elle devait s'occuper de toutes les améliorations que réclamaient la culture coloniale et les industries agricoles, donner son attention à l'immigration bien entendue des immigrants européens ou autres, combattre les préjugés éloignant en partie la population des travaux de la t e r r e , signaler les agents qui se faisaient remarquer par leur moralité, leur zèle et leur intelligence, etc. Cette société, d'abord présidée par M. Reiset, eut des commencements assez brillants, mais elle n'eut qu'une durée éphémère ; elle faisait double emploi, disait-on, avec les chambres d'agricuiture créées par arrêté du 8 novembre 1852, organisées par arrêté du 19 juin 1 8 6 7 . Ces chambres étaient les seules institutions agricoles de la colonie et la source des renseignements demandés par le gouvernement. E n 1854, l'administration de la Guadeloupe voulut essayer d'encourager la multiplication et l'amélioration des animaux domestiques, auxiliaires indispensables de l'agriculture. Un concours pour les animaux nés dans les circonscriptions des chambres fut établi pour chaque année, et on accorda des primes aux animaux d'élite. Ces concours donnèrent de l'émulation à quelques éleveurs et produisirent quelques résultats satisfaisants qui ne répondirent cependant pas aux besoins du pays. En 1 8 6 9 , le conseil général refusa de voter les fonds a p pliqués aux concours, et, depuis cette époque, les concours furent s u p primés. Le premier concours eut lieu le 28 mai 1 8 5 5 , et le dernier le 15 janvier 1 8 6 9 , Il était impossible de rien faire de sérieux avec cette variabilité dans les décisions ; on défaisait aujourd'hui ce qu'on avait fait la veille. C'est toujours ce qui arrive lorsque les hommes intelligents, instruits et capables font défaut, et c'est ainsi que les meilleures institutions disparaissent sous un futile prétexte, alors même qu'elles rendent les plus grands services. Sous l'ancienne monarchie, les impôts étaient très-légers aux colonies, et le gouvernement avait l'intime conviction que l'imposition était nuisible à la prospérité des établissements d'outre-mer. Jusqu'à la Révolution, la Guadeloupe ne payait qu'une somme d'environ 5 0 0 , 0 0 0 fr., le surplus de dépenses était acquitté par le Trésor royal. Aujourd'hui, la colonie supporte de lourdes charges. En 1 8 7 7 , les recettes ont atteint 4 , 3 0 7 , 1 3 5 fr. Les droits de sortie remplacent ici l'impôt direct sur les propriétés ; il faut encore ajouter les dépenses communales, atteignant 1,543,589 fr., soit au total 5 , 8 5 0 , 7 2 4 fr. Il n'y eut plus de régime douanier dans les colonies. Les droits d'octroi perçus en France à l'entrée des villes furent, pour la première fois, établis dans les colonies d'une manière inverse en 1 8 5 4 . De grands travaux d'assai-