Voyage géologique aux Antilles et aux îles de Ténériffe et de Fogo. Tome 1-1

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VOYAGE GÉOLOGIQUE.

les pentes plus douces qui dominent Icod. La lave que nous avons décrite la première se bifurque aussi, en laissant à découvert le manteau de pierres ponces qui lui est évidemment antérieur. L’un des deux bras vient s’étendre dans le cirque, en se dirigeant vers los Azulejos, et atteint presque l’extrémité de la Canada : l’autre, plus considérable encore, après avoir contourné une coulée plus ancienne, sortie de la montagne de Chahorra, se joint aux laves dont nous avons parlé, et va former sur les pentes d’Icod de vastes champs d’obsidienne, un horrible Malpays, région inculte et désolée. Le cratère de Chahorra est beaucoup plus considérable que celui du Pic. Les bords se découpent avec une si grande raideur, qu’il semble que la cavité en ait été formée par un emporte-pièce. Le côté qui regarde le Pic est légèrement recouvert de pierres ponces, et celles-ci contrastent singulièrement, par leur petit volume, avec celles qui surchargent la plaine entre les deux montagnes. Lorsqu’on a atteint le bord de l’excavation (3137 mètres), on peut observer que les escarpements intérieurs sont formés de couches très-régulièrement stratifiées, dont quelques-unes sont des conglomérats, d’autres appartiennent à des masses compactes. En les examinant avec soin, on y reconnaît une roche trachytique, à pâte rosée, dans laquelle les feldspaths, quoique très-nombreux, sont extrêmement petits. Il me paraît donc tout à fait indubitable que le cratère de Chahorra s’est ouvert au milieu du prolongement des mêmes couches qui constituent, plus au sud et à l’est, les escarpements de los Azulejos et le cirque de soulèvement. C’est aussi, comme le Pic, une montagne dont le noyau a été formé, tout d’une pièce, par le relèvement circulaire d’assises trachytiques et de conglomérats. Le cratère, presque cylindrique, n’a pas plus de quarante mètres de profondeur. Ses formes abruptes en interdisent de tous côtés l’accès intérieur. Le fond, assez plat, contient vers le sud-ouest une seconde excavation en forme d’entonnoir, qui a un aspect assez récent. Il ne serait pas impossible que ce petit cratère datât de l’éruption de 1798, dont la lave, comme on sait, est partie de Chahorra. Enfin, dans l’intérieur du grand cratère, on distingue un très-petit cône de lapilli, qui a donné naissance à une toute petite coulée; cet ensemble constitue une véritable éruption en miniature.


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