Voyage géologique aux Antilles et aux îles de Ténériffe et de Fogo. Tome 1-1

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VOYAGE GÉOLOGIQUE.

l'île d'une ceinture non interrompue de brisants et de récifs. Aussi, à l’exception de deux ou trois petites anses, à peine capables de recevoir des embarcations, cette côte, d’ailleurs exposée aux vents dominants, est tout à fait inhospitalière. Lorsqu’on a doublé la pointe la plus septentrionale ou dos Mosteiros, qui limite la portion des côtes ainsi recouverte de laves, on navigue dans le sens de la plus grande longueur de l’île et à l’abri du grand rempart circulaire, complétement fermé du côté de l’ouest. Les falaises, quoique très-escarpées et offrant en plusieurs points des murs verticaux ou en surplomb, ne sont cependant pas fort élevées. Elles se composent uniquement de roches prismatiques d’un aspect rougeâtre, qui sont, sans aucun doute, des assises de basalte, alternant avec des lits de conglomérats. Tout cet ensemble est tantôt horizontal, tantôt fortement brisé et incliné. Au-dessus s’étendent des pentes recouvertes d’un assez grand nombre de cônes parasites, qui ne paraissent point avoir donné de courants de lave, et dont les lapilli, d’un rouge-brun, contrastent avec la teinte uniformément verte des prairies qui tapissent partout le sol. La forme générale de l’île n’est pas aussi arrondie que pourrait le faire croire la vue qu’on en a du nord-est : elle se prolonge vers l’ouest en une pointe assez étendue, à l’extrémité de laquelle se trouvent le port principal, ou, pour mieux dire, le seul que possède Fogo, et la ville de la Luz. On mouille au pied d’un rocher extrêmement élevé et presque à pic, au sommet duquel, sur un plateau peu étendu, est assise la ville de S. Filippe, ou Nossa Senhora da Luz. Ce petit port paraît divisé lui-même en deux mouillages, qui, par la diversité de leur orientation, servent alternativement pendant la saison des brises et pendant celle des pluies. En effet, ces deux mouillages, suivant M. Lopes de Lima (1), ont tous deux un fond de roches, recouvert par une couche de sable à peine suffisante pour retenir les ancres des navires qui s’y abritent. Il en résulte que, à partir de la fin de juin et lorsque commencent à souffler les vents du sud, les sables quittent l’un des deux mouillages, ouvert au sud-ouest, y laissant la roche presque à nu, et vont épaissir la couche de sable de l’autre baie, qui re(1) Ensaios sobre a statistica das possesõses portuguezas, por José-Joaquim Lopes de Lima. Livro primeiro. Statistica das ilhas de Cabo-Verde. Lisbonne 1844


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