Évènements de la Guadeloupe en 1814 et pendant les cent-jours

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— 9 — attachement pour la France. Des canots vinrent en foule environner le vaisseau ; le son des instrumens et les chants chers aux Français retentissaient de toutes parts. Tous les habitans de la ville se présentèrent pour servir d’escorte aux commissaires du roi. Ils voyaient en eux les libérateurs qui venaient les rendre à la mère-patrie, et les soustraire au joug de l’étranger, si humiliant et si dur lorsqu’il est imposé par des mains qui furent françaises ( 1 ). La population tout entière, dont tant de souvenirs et d’espérances à la fois exaltaient les sentimens , était plongée dans une espèce d’ivresse et de délire. Le gouverneur anglais , que les commissaires trouvèrent seul d’abord, se montra surpris des ordres dont ils étaient porteurs, et un moment, néanmoins , il parut prêt à faire la remise de la colonie. Mais, entre la première et la seconde entrevue , ayant consulté le transfuge qui était à la tête de l’administration civile, il ne fut plus occupé qu’à (1) Dubuc Saint-Olympe avait quitté la Martinique, où il était notaire, pour venir se mettre à la tête de l’administration anglaise, dont la France eut tant à souffrir. Lorsque le commandant en second , Boyer, qui avait fait toute la campagne de Russie comme chef d’état-major de la garde impériale , arriva à la Guadeloupe , quelle ne fut pas son indignation d’apprendre que le transfuge Saint-Olympe avait poussé l’impudeur jusqu’à faire chanter un Te Deum dans cette île française pour célébrer l'annihilalion de l’armée française en Russie ! ce furent les termes mêmes de la proclamation. La colonie entière refusa de paraître à cette honteuse parade, qui n’eut pour témoins que cinq ou six renégats de la société intime de Dubuc.

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