Souvenirs des Antilles : Voyage en 1815 et 1816, aux États-Unis et dans l'archipel Caraïbe. Tome1

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DES ANTILLES. 235 n'ai compté que l’indispensable ; on peut y ajouter un peu de Madère. Il est quatre heures après-midi; la brise est faible ; les mornes de la Grenade vont bientôt s’identifier avec les vapeurs de l’horizon lointain. Le matelot en vigie , module quelques airs barbares, en attendant qu’il puisse nous signaler l’île de Tabago. La plus belle heure du jour s’approche ; le vent d’est, quoique soufflant avec douceur, a vaincu les ardeurs du soleil. Nonchalamment couché sur le pont, près de la place que Palinure occupait sur le vaisseau du pieux Enée, j’écris au crayon, ma tête au niveau des ondes, abritée du soleil par les petites voiles de la goélette à laquelle j’ai confié mes destinées. Nous glissons presque sans bruit, et sans mouvement, sur la plaine liquide, la proue soulevant à peine quelques flots de sel, dont l’écume se divise, en marquant au loin la trace de notre sillage. Déjà Phébus, accélérant sa course vers l’humide empire de Thétis, a noyé l’occident sous


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