Statistique générale et particulière de la France et de ses colonies avec une nouvelle... (T.4) (2)

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MARINE 482 gnies de commerce et des vaisseaux de l’Etat. Reste à examiner le classement. Le classement est l’inscription de tous les gens de mer sur un registre commun appelé matricule, et dont l’essence est d’imposer sur eux seuls l’obligation de remplir à tour de rôle, le devoir du service maritime sur les vaisseaux de l’Etat, en temps de guerre ou de paix. L’inscription maritime en elle-même , abstraction faite des obligations qui en découlent, n’est nullement attentatoire à la liberté des gens de mer, ni gênante pour eux ; elle a l’avantage précieux de faire connaître à chaque instant, leur nombre et le quartier qu’ils habitent-, et les marins y trouvent des renseignemens authentiques sur l’époque, le nombre, la durée et la nature de leurs campagnes, lorsqu’ils ont besoin d’en produire. Ainsi, il était nécessaire pour l’Etat et les gens de mer, que les matricules fussent encore conservées. Quant aux obligations qui découlent de celte inscrip' tion, nul doute qu’il fallut, quant à la police à laquelle les marins sont assujétis, les affranchir de toute gêne. Reste donc à examiner si l’obligation au service maritime pouvait être imputée aux gens de mer, et s’il devait tomber sur eux seuls. Le service maritime est un service réellement militaire : le matelot est le soldat de mer , c’est lui qui combat contre les ennemis. Sous ce rapport, les gens de mer sont obligés, comme les autres citoyens, à servir personnellement la patrie. De plus, l’obligation au service maritime ne pouvait tomber que sur les gens de mer. En effet, il y a une différence totale entre le service de mer et le service de terre. Tout citoyen peut, sans sortir de ses foyers, s’exercer aux évolutions qu’un soldat doit connaître ; au contraire, on ne peut apprendre le métier des gens de mer que par la navigation; et tous les citoyens ne naviguent pas, tous ne veulent pas ou ne peuvent pas naviguer. Quelques mois suffisent pour dresser des soldats, il faut des années pour former des matelots : les premiers ne changent pas d’élément; ceux-ci ont à se familiariser avec un élément nouveau. Il est donc évident que , pour être propre au service maritime, il faut avoir des connaissances et une habitude de la mer que la navigation seule peut donner ; d’où il suit que l’obligation à ce service ne pouvant rouler que sur les gens de mer, eux seuls devaient être chargés de l'acquitter per-


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