Les Antilles pendant la Révolution française

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SAINT-DOMINGUE ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

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approchait ; une réaction, visible partout, annonçait la venue d’un gouvernement réparateur. Mais ce furent précisément ces symptômes, trop significatifs, qui retardèrent la chute des terroristes. Les événements du 13 vendémiaire les maintinrent au pouvoir. Le 4 brumaire suivant, la Convention déclarait sa mission terminée. Les directeurs, choisis à dessein parmi les gens les plus compromis dans les excès de la Révolution, continuèrent les funestes errements du pouvoir qu’ils remplaçaient. Les terroristes et leurs complices furent, dès lors, assurés de l’impunité. Les pareils de Sonthonax triomphant, c’était à leurs accusateurs de trembler. Sous le coup de ces événements, désastreux pour la cause des colons, Duny écrit de Paris le 25 vendémiaire, an III (17 octobre 1795) : « Au moment, mon cher Bruley, où je me disposais à partir « pour Nantes, à la recherche de mes voleurs, les journées des « 13 et 14 vendémiaire sont survenues. L’intrigue s’est mise à « côté de la justice pour persécuter des infortunés auxquels il « ne reste plus que leur énergie. « Mon estimable collègue Page, ce courageux ami, Thibaud et « Derayges , colons pleins de zèle pour démasquer les dévas« tateurs de Saint-Domingue, ont été arrêtés, sans savoir pour« quoi. Un mandat d’arrêt a été lancé contre Brulley ton ancien « collègue à l’Assemblée législative, lequel se trouve depuis « vingt-deux jours à Montargis, dans ses terres, avec un passe-port « des autorités constituées de Paris. Je dois ma liberté au peu « d’ordre qui règne dans les arrestations, car je devais être « incarcéré le premier. « J’use de ma liberté en homme qui ne craint rien. Je vais « dans les comités, dans les prisons ; j’y parle hardiment et je « ne cache rien. Tant que je serai libre, je me dois à mes mal« heureux collègues ; quand je serai détenu, je partagerai leurs « peines. Jusque-là je dois tout faire, aussi je fais tout. Je « demande ce que nous demandons depuis si longtemps : jus« tice ou la mort. 1

1 Commissaires, députés par les colons afin d’exposer leurs griefs devant la Convention et de poursuivre Sonthonax et consorts.


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