Fleurs d'Emeraude

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LES DEUX MÈRES

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Et le chef dut se rendre avec son bataillon. Quant au probable auteur de cette trahison, Il avait disparu. L’on nous a fait connaître Que, depuis, nos soldats avaient trouvé le traître (Mouvements de Jules et de l’avocat.) Expiant son forfait aux mains des Allemands... (L’avocat fait un geste d’impatience et va parler. Il attend encore.) Voici comment, d’ailleurs, fort peu reconnaissants Envers leur prisonnier, ils ont jugé l’affaire... (Le capitaine ouvre alors un journal allemand et lit :) « Hier nos troupes dans la section du Nord ont opéré un heureux coup de main et fait prisonnier tout un bataillon avec son chef. Il est vrai que cet excellent coup de filet fut facilité par la sentinelle qui s’est laissée aisément cueillir et qui, à la vue de nos troupes, n’a pas poussé un cri. Tout le bataillon dormait; la capture fut opérée en quelques minutes. Et l’on dira encore que l’incorruptible soldat français reste insensible devant notre mark allemand !... » (Repliant le journal.) Je crois que le jury doit se montrer sévère : Les faits sont accablants; l’exemple vient de haut : L’inculpé n’étant pas ignorant, tant s’en faut, Issu d’une famille en tout point honorable... (A ce mot de famille, Jules baisse la tête et fond en larmes.) Donc, la peine de mort convient à ce coupable ! (Le procureur s’assied.) LE PRÉSIDENT

Soldat Jules Renaud, vous avez entendu Le rapport concluant que vous étiez vendu Aux Allemands, à qui votre traîtrise A livré des Français; donc en toute franchise Répondez. Est-il vrai, qu’en voyant l’ennemi, Vous n’avez proféré ni menace, ni cri Pour sauver les Français d’une honte certaine ? JULES,

fuyant le regard du lieutenant.

C’est vrai, mon Colonel. (Geste d’émotion du lieutenant.)


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