Histoire générale des Antilles Tome 5 et 2 de la 2ème série. Suite

Page 97

— 445 — attesté, et provenant de franches et loyales dettes, nous le donnons pour celui des dettes de la société, et nous ajouterons même Que ses créanciers, dans la crainte de voir encore ce chiffre augmenter, demandèrent la poursuite des biens qu’elle avait aux colonies (1). Par lettres-patentes du roi, du 3 janvier 1763, les Conseils Souverains des colonies dans lesquelles les jésuites possédaient des biens, furent, en conséquence, chargés de faire droit aux demandes qui leur seraient faites. A la Martinique, nécessairement, le procès qu’on leur intentait allait avoir du retentissement ; de nombreux créanciers se présentaient. A Saint-Domingue, on semblait procéder avec plus de calme, mais ces procès ne pouvaient prendre qu’une tournure politique. On savait déjà ce qui s’était passé en France, et l’on se rappela ce que l’arrogance de ces pères avait provoqué de scandales fâcheux. Oubliant peut-être trop tôt le bien qu'ils avaient fait, bien que la conduite du clergé actuel fait naturellement regretter, à la Martinique comme à Saint-Domingue, les procureurs-généraux, dans leurs réquisitoires, demandèrent donc aux cours souveraines, que les bulles, les lettrespatentes de l’établissement des jésuites dans ces deux colonies, et les clauses de leurs constitutions, fussent déposées aux greffes. Se défendant eux-mêmes, les jésuites s’y étaient d’abord refusés sur simple assignation, et se virent contraints de comparaître devant le Conseil ; mais, dans les colonies, l’attaque était plus difficile à diriger, quoique les ordres venus de haut, tendissent évidemment à une expulsion. Comme nous le savons, la sentence qui les chassait de France n’était pas encore rendue (1) M. Crétineau-Joly adopte la version de la Biographie, et dans une note du cinquième volume de son Histoire de la Compagnie de Jésus, il dit que les Anglais achetèrent quatre millions les propriétés des jésuites à la Dominique et à la Martinique. Cette erreur, qui tend à prouver que les jésuites avaient de quoi payer leurs dettes, est trop patente, pour qu’elle ait besoin d’être relevée.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.